L’église
Saint
Martin de Bellenaves est représentative des édifices qui
ont connu d’importants ajouts au cours du temps leur
donnant parfois une allure assez insolite. Saint Martin
comporte un chevet très développé mais plutôt
hétérogène, un grand transept auquel est accolé une nef
de dimensions plus modestes dont les collatéraux sont si
étroits qu’il est difficile d’y circuler. La croisée du
transept, de plan carré, est surmontée d’un clocher
octogonal. La façade comporte un superbe tympan. Ainsi
l’extérieur ne présente d’intérêt que par la façade et
le clocher, le reste ayant été défiguré par les
différents ajouts.
De
la précédente église romane (fin XIème
– début XIIème)
il ne subsiste que les murs gouttereaux de la nef qui
était couverte d’une charpente.
Au
milieu
du XIIème
siècle fut entrepris la construction d’un chœur et d’un
transept préfigurant un édifice de plus grande dimension
que l’église du
XIème
siècle. Le
chevet
comporte une abside semicirculaire voûtée en cul de four
précédée
d’une
travée droite voûté en berceau brisé
et encadrée
de deux absidioles voûtée aussi en cul
de four.
Deux
chapelle
orientée s’ouvraient sur les extrémités des bras du
transept. Elles figurent en pointillé sur le plan car
elles ont été remplacées aux XIV et XVème
siècle par des chapelles rectangulaires voûtées en
ogive. Ces
chapelles semblent écraser les absidioles voisines et
dénaturent l’équilibre des volumes initiaux.
A
l’intérieur, vers l’ouest, l’ouverture
du carré du transept étant moins large que la nef,
un
passage fut ménagé entre la pile qui supporte l’arc
doubleau du carré
et
le mur de la nef. Ce type de passage
s’appelle
« passage
bérrichon » car cette disposition fut largement
pratiquée dans le Berry.
Le
voûtement
en ogive avec oculus central du carré du transept date
du début du XIIIème
siècle.
A
la fin du XIIème
siècle, après la construction du chœur et du transept,
il fut décidé de voûter la nef qui
était
couverte d’une charpente. Peut-être y avait il un projet
initial de construire une nouvelle nef mais, faute de
finances suffisantes, il fut décidé
de
réaménager
la nef existante. Ce type de situation où la
reconstruction d’une église commençait par le chœur et
le transept puis le projet était soit
diminué
soit abandonné
était
fréquente. Nombreux sont les édifices où un chœur et un
transept sont d’une architecture très différente de la
nef restée plus ancienne ou plus modeste.
La
nef
du XIème
siècle étant couverte d’une charpente était large
de
8,50
mètres,
largeur
trop grande pour construire une voûte en berceau de
cette portée compte tenu d’une part de la résistance des
murs et d’autre part de la technologie d’alors. Deux
séries d’arcades furent érigées à environ d’un mètre des
murs, délimitant ainsi de faux collatéraux très étroits
couverts en demi-berceaux et une nef moins large
couverte d’une voûte en berceau. Ainsi l’église au
premier abord semble faite d’une nef bordée de bas-côtés
alors que c’est le résultat de lourds aménagement d’une
nef initiale sans bas-côtés.
A
l’intérieur de la nef quatre colonnes engagées s’élèvent
jusqu’à la base de la voûte mais leurs chapiteaux ne
supportent rien. Deux hypothèses : 1) initialement la
nef était prévue en berceau nervé et les colonnes
devaient supporter les arcs doubleaux mais la nef a été
finalement couverte d’un berceau continu. 2) A l’époque
moderne la voûte et les doubleaux en pierre auraient été
remplacés par un berceau en lattis et en plâtre.
Au
XIXème
siècle le bras sud du transept fut surélevé pour abriter
l’horloge, prolongé par une sacristie et complété par
une tourelle abritant l’escalier du clocher. Le proche
qui abritait le tympan de la façade fut supprimé. La
chapelle nord fut entièrement reconstruite.
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