Cinq
siècles
d’innovations, d’expérimentations raisonnées et de
progrès continu dans l’art de construire tant dans les
pratiques opérationnelles que dans les domaines connexes
comme la géométrie descriptive, la stéréotomie, le
mesurage, l’organisation du travail, la conception et la
fabrication des échafaudages, des étaiements, des
coffrages, des moyens de levage, etc.
Les
évolutions
techniques visibles ancrées dans la pierre témoignent
qu’en termes d’acharnement, d’innovations et de prise de
risques le Moyen Age a été aussi fécond pour la
construction que l’ont été les 19ème et 20ème siècles
pour la maîtrise de l’énergie et du traitement de
l’information.
Les
architectes
médiévaux ont poursuivi un but constant : construire
toujours plus grand, toujours plus haut, toujours plus
clair en cultivant l’esthétique et en satisfaisant aux
modes successives.
Une
cathédrale
de la dimension de Notre Dame d’Amiens construite avec
les principes et les méthodes que l’on nomme romans se
serait écroulée sous son propre poids.
Pour
construire
plus grand et plus haut il fallait construire plus léger
et pour construire plus léger il fallait construire
différemment. Il fallait innover pour repousser les
limites. L’évolution du roman vers le gothique marque
une
rupture
dans la façon de concevoir l’équilibre de l’édifice.
Cette rupture s’est produite très progressivement comme
nous allons le voir.
La
nécessité,
mère de l’innovation
L’évolution
roman
/ gothique est
la
conséquence
du progrès continu qui a permis aux architectes de
résoudre un à un les problèmes auxquels ils étaient
confrontés.
Une
solution
permet de résoudre un problème pour faire plus et mieux,
mais alors apparaissent de nouveaux problèmes qu’il faut
résoudre à leur tour pour continuer de progresser. Ce
qui n’était qu’une simple gêne pour un petit édifice
devient un écueil parfois insurmontable pour un grand
édifice.
Le progrès continu, moteur de l’évolution scientifique
et technique, est à l’image du tonneau des Danaïdes,
sauf que ce n’est pas un supplice, du moins pour
l’ingénieur ou le chercheur. Plus on fait d’efforts pour
vider le tonneau contenant les problèmes rencontrés plus
celui-ci se remplit de nouveaux problèmes. C’est sans
fin … Là réside la richesse des métiers du chercheur
scientifique et de l’ingénieur, là est la source du
progrès scientifique et technique.
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