Apprendre à
lire
Pour
faciliter
la
compréhension
de l’architecture d’une église, il faut apprendre à la
"décoder" pour repérer plus facilement les éléments
importants, significatifs et les raisons de leur emploi.
Il nous faut apprendre à "lire"
l'architecture d'une l'église.
Faisons
une
rapide analogie,
bien évidemment simpliste, avec la lecture.
Pour
lire
un
texte il faut savoir identifier les signes, les
reconnaître et les nommer : c’est l’alphabet. Il
faut
ensuite
savoir
reconnaître
les
mots
et
connaître
leur
significations :
c’est la lexicographie plus communément appelée
vocabulaire. N‘importe quelle combinaison de caractères
ne donne pas forcément un mot qui a du sens. Enfin il
faut savoir reconnaître comment les mots
se combinent entre eux dans une phrase :
c’est la grammaire. L’alphabet,
le vocabulaire et la grammaire permettent d’écrire des
phrases. Une syntaxe correcte ne suffit pas pour donner
du sens à une phrase. C’est grâce à la connaissance et
au savoir que l’on écrit des phrases dites
sémantiques
qui ont un
sens et peuvent
être
comprises.
Notre
sensibilité
personnelle
éveille
nos
émotions
à
la lecture du texte. Tout
l’art
de l’auteur est
de
susciter
l’émotion
par
la
sagesse, l'audace et la pertinence de son écriture.
Analogie
avec
la
lecture de l’architecture
L’alphabet
ce sont les pierres taillées selon leur fonction, leur
emploi, leur destination : pierre de grand appareil ou
de petit appareil, voussoir, clé de voûte, claveau, etc.
Les
mots
ce sont les membres de l’architecture : l’arcade, la
pile, le
chapiteau,
la colonne,
l’ogive, la
culée,
le contrefort, etc.
La
grammaire
ce sont les règles de la statique qui permettent de
combiner les membres de l’architecture pour construire
un édifice qui tienne debout : l'équilibre des forces,
la gravité, les points d'appui, la poussée,
l'arc-boutement, etc.
La
connaissance
et
les savoirs permettent de construire un édifice qui
répond à un besoin
et
dont la stabilité est robuste.
Notre
sensibilité
personnelle
nous permet
de ressentir
des
émotions en pénétrant dans l’édifice. Tout
l’art
de
l’architecte est
d’avoir
suscité nos
émotions
grâce aux audaces et à l’harmonie de l'édifice qu’il a
conçu et réalisé.
Le b. a. - ba
Voici
notre guide de lecture : une église se "lit"
selon trois dimensions :
Le
plan :
comment
est organisée la surface allouée au sol : nef unique,
bas côtés, transept, etc.
L’élévation : comment les
différents étages de l’édifice s’organisent : arcades,
tribunes, triforium, etc. On distingue l’élévation vue
de l’intérieur et l’élévation vue de l’extérieur.
Le
couvrement :
comment
le volume délimité par les murs verticaux est couvert
pour protéger les occupants : charpente apparente, voûte
en berceau, voûte d’arête,
voûte d’ogive, etc..
Le
plan
répond à des besoins cultuels fonctionnels tout en étant
limité par des contraintes économiques, cadastrales ou
topologiques. La
page Plan
basilical roman/gothique précise les
notions générales appliquées aux édifices de l’époque
romane puis gothique.
Le
choix
du type d’élévation et
de
couvrement
répond
aux compromis acceptables entre les exigences du "maître
d’ouvrage" (celui qui finance
la construction) et
les
contraintes économiques et techniques du "maître
d’œuvre" (celui qui réalise
l’édifice).
Pour
satisfaire
les
exigences
du
donneur
d’ordre
(le clergé), l’architecte (le maître maçon),
l'ingénieur (l'appareilleur) et le chef du
chantier (le parlier) devaient sans cesse innover
et inventer
dans l’art de bâtir mais aussi dans les disciplines
connexes pour les perfectionner : les techniques de la
géométrie descriptive (l’art du trait), les
machines de levage, les techniques d’étaiement et
d’échafaudage, les outils de mesure et de traçage, les
moyens de transport, de chargement et de déchargement
car l’activité de construction en pierre imposait le
déplacement de très lourdes charges, l’organisation et
la synchronisation du travail à une époque où les moyens
de communication étaient rudimentaires,
le papier inexistant et où la majorité des citoyens ne
savaient pas lire.
Vous
trouverez
l'explication
détaillée de chacune de ces trois dimensions (plan,
élévation, couvrement) dans les fiches techniques qui
leurs sont consacrées .
La
page Vocabulaire
illustré explique
quelques principaux
termes
techniques utilisés dans la littérature traitant de
l’architecture et
notamment
l’architecture religieuse médiévale.
Le fil conducteur pour
parcourir ce site
N’oublions
pas
qu’une église se regarde instinctivement du haut vers le
bas, notre regard est instinctivement attiré vers le
haut lorsqu'on pénètre dans un vaste édifice, mais
qu'elle se
construit de bas en haut.
Le
couvrement
conditionne dans une large mesure l’élévation car il est
à l’origine des poussées horizontales et verticales qui
s’exercent sur les murs. L'architecte conçoit donc une
église du haut vers le bas parce que c’est
le
choix
du
couvrement
qui
impose
les
contraintes que l’élévation et la base doivent supporter.
C’est grâce à
la combinaisons harmonieuse et raisonnée des trois
dimensions plan-élévation-couvrement que
l’architecte conçoit
et
obtient
:
-
L’équilibre de l’édifice : en quoi les
dispositions adoptées permettent de résister aux
contraintes imposées
par
les couvrements
de plus en plus élevés et de plus en plus grandes
portées
;
-
La luminosité de l’édifice : comment pouvoir
percer des ouvertures de plus en plus grande
;
-
La solidité de l'édifice pour resister auxx
assauts du temps ;
-
Les facilités de construction de l’édifice :
pourquoi et comment les dispositions de l’élévation
permettent d’étayer l’édifice pour assurer son équilibre
durant sa construction.
Le
couvrement
des édifices religieux est l’élément d’architecture qui
a subi tout au long du Moyen Âge les évolutions
techniques les plus conséquentes et les plus visibles.
C’est pourquoi
le "parcours
roman-gothique" que nous vous proposons
suit l’évolution du
couvrement
depuis la charpente apparente jusqu’aux voûtes d’ogive
et l’apparition des arcs boutants :
L’invention
de
l’arcboutant
a permis de bâtir encore plus haut et plus grand en déplacant
les poussées exercées par les voûtes vers l’extérieur de
l’édifice afin
de ne pas encombrer les surfaces utiles au sol.
Une
page
explique
les caractéristiques de la coupole
et ses limites pour construire toujours plus haut et
toujours plus lumineux.
Deux
pages apportent
ensuite
un
éclairage complémentaire sur l’application des
techniques précédemment exposées aux autres parties de
l’édifice : le transept,
le chœur
et le déambulatoire.
En
suivant
ce parcours Romant-Gothique
vous apprendrez progressivement comment "lire"
une église et deviendrez autonomes dans vos visites
d’églises.
Tous
les
liens indiqués ci-dessus figurent dans la colonne de
gauche de chacune des pages du site.
Vers une phylogénèse de
l’architecture religieuse médiévale
J’ai
navigué
durant plusieurs années dans l’océan des édifices
religieux médiévaux avec pour boussoles Eugène Viollet
le Duc et Auguste Choisy et pour cartes les nombreux
ouvrages d’éminents spécialistes architectes et
historiens. Au fur et à mesure que j’avançais dans mon
périple je ressentais l’impression d’un univers touffu,
aux lignes directrices sinueuses, parfois
contradictoires souvent divergentes.
Je
m’étais
introduit sans le savoir dans un labyrinthe dont je ne
pouvais plus m’échapper.
J’ai
alors
imaginé
de
représenter l’enchaînement des combinaisons des
solutions techniques qui ont été perfectionnées pour
construire toujours plus grand, toujours plus haut et
toujours plus lumineux sous la forme d’un arbre
phylogénétique.
Charles Darwin fut un des premiers scientifiques à
proposer une histoire des espèces représentée sous la
forme d'un arbre
schématique
qui
montre les relations de parenté entre des groupes
d'êtres vivants. Chacun des nœuds de l'arbre représente
l'ancêtre commun de ses descendants.
Mon
approche
s’organise selon l’antériorité d’une solution technique
par rapport à une autre indépendamment de la chronologie
temporelle de leur apparition ou de leur disparition, à
l’image de la phylogenèse des espèces où, par exemple,
l’Homme descend du singe mais aujourd’hui il existe
encore des singes, la race n’a pas disparu au profit de
l’Homme.
De
même des espèces disparaissent parce qu’elles n’évoluent
pas suffisamment ou trop lentement pour s’adapter à leur
environnement qui change.
Le
pari
est ambitieux car il s’agit d’élaborer une phylogenèse
de l’architecture religieuse médiévale permettant de
mettre en évidence les voies techniques qui ont continué
de progresser par rapport à celles qui avaient trouvé
leurs limites.
La
phylogénèse
de l’architecture religieuse médiévale s’articule autour
des
combinaisons pertinentes du triplet
plan-élévation-couvrement.
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