La voûte d'ogive

 






















(Cliquer sur l'image pour accéder à la page concernant l'édifice)


Avec la voûte en berceau nervée les architectes savaient construire des arcs doubleaux robustes : ils maîtrisaient parfaitement la construction des cintres en demi cercles (arcs plein cintre) ou en portion de cercle (arc brisé), la taille des voussoirs pour qu’ils soient parfaitement jointifs et les techniques du décintrage qui est une phase cruciale dans la construction pour donner à l’arc sa stabilité définitive sans aucun soutien additionnel.

La voûte d’arête a pallié deux inconvénients majeurs de la voûte en berceau : la luminosité insuffisante et la charge exercée tout le long des murs porteurs. Elle permet d’agrandir les ouvertures pratiquées dans les murs, d’une part grâce à la géométrie définie par quatre voûtains triangulaires, d’autre part en concentrant la charge de la voûte au droit de l’arête permettant ainsi de soulager le mur pour y ouvrir des fenêtres plus grandes. 

De nouvelles difficultés sont apparues dans la construction des voûtes d’arêtes pour donner sa forme à l’arête parce que cette ligne, où se concentrent toutes les forces, a la forme d’une ellipse, courbe impossible à tracer avec une règle et un compas. Les architectes et les maçons ne savaient alors pas dessiner une telle courbe avec les moyens utilisés à l’époque, le pieu et le cordeau pour les distances et les rayons importants.

Cette difficulté géométrique se pose bien évidemment avant tout dans le dessin et la construction des cintres et des coffrages qui vont soutenir la voûte et lui assurer son équilibre durant la construction. La réalisation de l’étaiement en bois nécessaire pour soutenir l’arête durant sa construction reste approximatif, difficulté qui rend fragile les arêtes ainsi construites et donc limite la portée des voûtes.

L’usage de la voûte d’arête ne permettait donc toujours pas de construire encore plus grand et encore plus haut.


L’invention de la voûte d’ogive apporte une révolution dans l’art de construire pour palier aux faiblesses de la voûte d’arête et ouvre les portes pour édifier encore plus grand, plus haut et plus lumineux. Tout comme l’arc doubleau faisait office de cintre permanent dans la construction de la voûte en berceau nervée, l’ogive fait office de cintre permanent dans la construction de la voûte d’ogive.

La voûte d’ogive a permis de réaliser un grand pas pour construire plus haut parce qu’elle est plus légère. Mais ce n’était pas suffisant. Pour ériger encore plus haut les édifices à trois nefs il a fallu inventer l’arc-boutant pour mieux les stabiliser.

Dans un premier temps nous regarderons les édifices dont le couvrement est réalisé en voûtes d’ogive et qui n’ont pas recours à la technique des arcs boutants pour assurer leur stabilité.

Le chapitre consacré à l’arc boutant explorera les édifices à trois nefs, souvent majestueux, qui assurent leur stabilité grâce aux arcs boutants.

Notre parcours est le suivant :


Principes de la voûte d'ogive

Genèse de la voûte d'ogive


Après avoir exposé les principes et la genèse de la voûte d’ogive nous parcourons son évolution selon les différents types de structures :


Édifices à une seule nef

Saintes chapelles

Édifices à 3 nefs de type halle

Édifices à 3 nefs avec nef centrale surélevée



PRINCIPES DE LA VOÛTE D'OGIVE


La voûte d’ogive conserve le principe de quatre voutains triangulaires qui prennent appui les uns sur les autres le long d’arêtes qui conduisent les forces jusqu’aux quatre supports de la voûte. L’innovation tient dans le principe de construction qui va permettre d’édifier plus robuste, plus léger et couvrir des surfaces de toutes formes géométriques, carrées ou rectangles dans les nefs et les transepts, trapèzes dans les déambulatoires, demi-cercles dans les absides et les absidioles.

La voûte d’ogive prend appui sur deux arcs diagonaux, les ogives, qui servent de support aux arêtes lors de la construction des voûtains.


         

                                                                               Cambronne lès Clermont



Une polémique entre historiens et techniciens sur le rôle de l’ogive a longtemps embrouillé les amateurs curieux d’apprendre : l’ogive est-elle une structure de soutien permanent de la voûte ou bien un simple couvre-joint pour raffiner l’esthétique ? De nombreuses photos d’églises gothiques saccagées par les méfaits des deux guerres mondiales montrent des voûtes en équilibre malgré l’absence des ogives qui se sont effondrées. Auraient-elles tenu ainsi pendant encore mille ans ?

En fait la voûte ogivale est une structure complexe où l’ogive a d’une part une fonction structurelle durant et après la construction, et d’autre part une fonction esthétique.


Comme nous l’avons dit dans le préambule, la nécessité est mère de l’innovation. L’ogive était nécessaire mais, comme pour toute innovation, la résolution d’un problème amène de nouveaux problèmes.

 Le couchis pour réaliser une voûte en berceau ou une voûte d’arête est simple à réaliser, de petites planches disposées sur des cintres en arcs de cercle faciles à dessiner et à fabriquer pour former un berceau ou une portion de berceau. L’introduction de l’ogive complique l’élaboration du couchis, comme nous l’expliquons dans la fiche technique consacrée à l’ogive.




GENÈSE DE LA VOÛTE D’OGIVE


L’utilisation des ogives a débuté en Ile de France très tôt et s’est d’abord répandu pour les petits édifices. Quand ailleurs on pratiquait encore le berceau et le cul de four, l’Île de France pratiquait déjà l’ogive dans des églises dont la structure était encore typiquement romane avec des murs épais et des ouvertures exigües. L’aspect extérieur de ces édifices ne permet absolument pas d’imaginer que leur couvrement est fait de voûtes d’ogive.

Une légende historiographique raconte que la voûte d’ogive fut utilisée par les architectes travaillant pour l’abbé Suger qui, grâce à son intuition, sa clairvoyance, son pouvoir, sa foi et son opiniâtreté, construisit le premier édifice gothique digne de ce nom à Saint-Denis après les balbutiements hésitants et maladroits que l’on observe à Morienval.


         

Morienval (60)                                                                                     Saint Denis (93)


Ce résumé – qui est plutôt un raccourci – n’est pas totalement faux mais terriblement réducteur par son simplisme. La cathédrale de Saint Denis est, comme les autres édifices, une étape dans la longue évolution continue du gothique. N’oublions pas que lorsque le chœur de Saint Denis fut consacré en 1144 la nef était encore celle de l’église carolingienne. Le transept et la nef que nous admirons aujourd’hui n’ont été édifiés qu’au XIIIème siècle et furent achevés en 1281. Seul le déambulatoire et les chapelles rayonnantes du chœur de Suger subsistent aujourd’hui. Toute l’élévation du chœur que nous admirons aujourd’hui a été reprise au XIIIème siècle. A l’époque de Suger l’élévation du chœur et le chevet devaient plutôt être proche de ceux de Saint Germer de Fly (60).


Pour illustrer la difficulté d’établir une chronologie précise dans le développement du gothique, je propose de mettre en perspective six édifices dont les dates de construction sont approximativement contemporaines entre 1120 et 1250.

Le graphique ci-dessous illustre cette mise en perspective. Les dates indiquées, qui prennent leur source dans les études réalisées par d’éminents historiens, sont parfois fragiles et je rends hommage à leur travail patient, rigoureux, intelligent et réfléchi qui permet, en l’absence d’archives écrite, de cerner les dates possibles et probables. Ils savent lire dans la pierre comme dans un livre.




Les images qui suivent vous permettent de parcourir cette mise en perspective que vous pourrez approfondir en vous promenant librement dans les pages détaillées consacrées à chacun de ces édifices.


Les voûtes d’ogives furent utilisées bien avant le XIIème siècle en Lombardie et en Angleterre dans certaines parties des églises comme le narthex, les voûtes sous clocher ou quelques travées de bas-côtés. Les exemples qui suivent concernent des édifices complets édifiés à cette époque à l’exception de Saint Denis dont il ne reste aucune trace de la nef et du chevet tels qu’ils étaient au XIIème siècle. Les autres édifices sont romans à l’extérieur et amorcent le gothique à l’intérieur. C’est la période du gothique primitif.


L’église Notre Dame de La Ferté Allais - 91 (1120 à 1140)

Les dates, confirmées par les historiens, montrent que cette église est parmi les premiers, sinon le premier, édifice couvert de façon homogène de voûtes d’ogive en Île de France. L’extérieur est d’allure romane tandis que l’intérieur offre une architecture gothique sobre mais aboutie et très homogène dans la totalité de l’édifice. Cette église n’a subi aucune dégradation, ni aucun ajout ou modification depuis le XIIème siècle. Elle est un remarquable témoin de l’architecture gothique naissante. 

Les études approfondies menées par Raymond Signe, chercheur indépendant, sur les méthodes de construction des voûtes de cette église montrent que la technique utilisée est intermédiaire entre la construction des voûtes d’arête en blocage et les voûtes d’ogive appareillées (voir la page Technique de la voûte d’ogive).


    

    


La cathédrale de Saint Denis - 93 (1136 à 1144)

Comme nous l’avons dit plus haut, un qui-propos subsiste au sujet de l’église de l’abbé Suger : l’édifice que nous voyons aujourd’hui est trop souvent présenté comme l’œuvre de l’abbé alors qu’il ne reste de l’œuvre du XIIème siècle que le narthex et le déambulatoire, tout le reste date du XIIIème siècle.

Par contre lorsque l’on confronte les voûtes du déambulatoire de Saint Denis avec celui de Saint Germer de Fly ou même avec les voûtes des nefs de La Ferté Alais ou de Lavilletertre, il est clair que les savoir-faire de l’architecte de Saint Denis et de son équipe sont très en avance. Il est certain que les ressources financières dont ils disposaient étaient aussi bien supérieure à celles des autres bâtisseurs.

Il faut noter que les portées des voûtes de Saint Denis, tant dans le narthex que dans le déambulatoire sont bien plus faibles que celles des voûtes de la nef de La Ferté Alais. Il en est de même pour les voûtes des nefs de Lavilletertre et de Chars. La Ferté Alais semble bien la première église complètement ogivale de l’Île de France qui préfigure les futurs édifices majeurs de l’architecture gothique.  


    

    


L’église Notre Dame de Lavilletertre - 60 (~1137 à ~1170 dates très incertaines)

Cette église illustre parfaitement la période que l’on appelle le gothique primitif tant pour l’architecture intérieure que pour le décor sculpté encore fortement inspiré de l’époque romane. La nef a été bâtie en deux campagnes rapprochées à partir de 1140. L’édifice est plus petit que La Ferté Alais : la nef n’est large que de 4,65 m, bien plus étroite que celle de La Ferté Alais avec 9,80 m, soit plus du double. La hauteur sous voûte est de 10,55 m contre 12 m pour La Ferté.


    

    


L’abbatiale de Saint Germer de Fly - 60 (~1135 à 1206 dates incertaines)

Les travaux débutèrent par le chœur entre 1135 – 1140, les trois premières travées de la nef furent achevées en 1167. Le déambulatoire du chœur préfigure celui de Saint Denis avec des chapelles rayonnantes peu profondes, largement ouvertes sur le déambulatoire, éclairées par de larges baies. L’élévation du chœur est déjà de style gothique primitif alors que l’élévation extérieure du chevet reste d’inspiration romane. La nef, dont les voûtes se sont effondrées au XIVème siècle, a 8,6 m de large. Les voûtes, refaites en bois au XVIIIème siècle, culminaient à 19,22 m de haut grâce à une élévation intérieure à trois niveaux avec tribunes.


    

    


L’église de Chars - 95 (~1150 à ~1175 dates incertaines)

Les historiens situent la construction de cet édifice entre 1150 et 1175. Le chœur reproduit en plus petit celui de Saint Germer de Fly ce qui laisse supposer que ce fut le même architecte et peut être les mêmes équipes qui la bâtirent. Le contraste entre l’extérieur et l’intérieur est saisissant. Les proportions de l’église accentuent l’effet de hauteur avec une nef très étroite de 4,16 m de large et une hauteur sous voûte de 19m.


    

    


L’église Saint Etienne de Beauvais - 60 (~1120 à ~1150 dates très incertaines)

Bien qu’aucune archive n’évoque la construction de l’église au XIIème siècle, les historiens la situent entre 1120 et 1150. Cet édifice est emblématique de la période du gothique primitif appelé aussi gothique de transition. L’élévation est à trois niveaux avec de fausses tribunes, l’extérieur est roman.


    

    



ÉDIFICES AVEC UNE SEULE NEF


En complément de l'église de La Ferté Alais évoquée dans la genèse, voici quelques petits édifices à une seule nef représentatifs des premières tentatives de couvrement en voûtes d’ogive.


     

  

Gaillon sur Moncient (78)


    
Souppes sur Loing (77)

    

Agonges (03)


La petite église rurale de Moulhierne, citée par Viollet-le-Duc, située près de Saumur dans le Maine et Loire, semble être un modèle d’exposition où des promoteurs auraient réunis dans un même édifice tous les types de voûtement qu’ils savaient réaliser : ogives avec différents types de croisées, ogives domicales, ogives avec liernes simples ou complexes, berceau, cul de four.


    

Moulhierne (49)


Enfin des édifices de largeur importante ont été voûtés en croisée d’ogive.


    

Angers – Saint Maurice (49)


    

Poitiers - Sainte Radegonde (86)


Vous aurez remarqué qu’aucun de ces édifices couverts de voûtes d’ogive ne comportent d’arcs boutants.


SAINTES CHAPELLES


On désigne par Sainte Chapelle un édifice religieux qui a été édifié par un roi ou un prince de sang royal afin d’y préserver des reliques du Christ. C’est dans le premier quart du XIIIème siècle que ce type de construction apparaît en France.

La Sainte Chapelle de Paris (1248), préfigurée par la chapelle Saint Louis de Saint Germain-en-Laye (1238), est l’archétype d’une Sainte Chapelle : nef unique sans transept, sans collatéraux ni déambulatoire ; couvrement par des voûtes d’ogive soutenues par des piles et de puissants contreforts (sans arcs-boutants) ; murs allégés au point de n’être plus que des verrières.

Des chapelles abbatiales furent construites dans ce style, comme celle de Saint Germer-de-Fly (1267).

Entre le début du XIVème siècle et le XVIème siècle une dizaine de Saintes Chapelles furent érigées par des membres de la famille royale ou de la haute noblesse, imitant le modèle de la Sainte Chapelle de Paris.


                                 

     

Chapelle Saint Louis de St Germain en Laye (1238)


     

Saint Chapelle de Paris (1248)


     

Sainte Chapelle de St Germer de Fly (1267)




ÉDIFICES AVEC 3 NEFS DE TYPE "HALLE"


Je me suis permis d’appeler église halle, dès l’époque romane, les édifices dont les trois nefs sont sensiblement de même hauteur. Cependant, dans la littérature, l’appellation église halle est réservée aux édifices gothiques couverts de voûtes d’ogives. La minceur et l’élégance des structures de soutien donnent alors cette impression de légèreté semblable aux halles destinées à accueillir les marchés à l’abri des intempéries.

                     

Édifice roman                                                                              Édifice gothique


Largement développée dans le Poitou, cette technique résout les difficultés d’éclairage et d’équilibre statique pour construire plus haut et plus grand comme l’atteste la cathédrale Notre Dame de Poitiers. Ce type de structure répond au mieux aux exigences fonctionnelles du pouvoir épiscopal et citadin : un espace de rassemblement unique, spacieux et lumineux où l’officiant ou le tribun peut être vu par tous. Ce n’est pas le cas, par exemple, de Notre Dame de Paris qui lui est contemporaine.

Les exemples suivants illustrent la majesté et la luminosité du volume consacré au culte qui contraste avec l’aspect extérieur massif et trapu.


    

Poitiers - Cathédrale Saint Pierre (86)


    

Le Puy Notre Dame (49)


    

Candes Saint Martin (37)


    

Celles sur Belle (79)


    

Billom (63)


    

Angers – Saint Serge (49)


Une hypothèse, solidement affirmée par les historiens, explique que ce parti de construction, l'église halle, a été abandonné parce qu’à cette époque, suite à la défaite des anglais et à la reconquête de ses vassaux poitevins et angevins, le pouvoir royal imposa la technique francilienne à tout le royaume. Ceci est contraire à ce que nous enseigne l’histoire des techniques. Lorsqu’un peuple vaincu possède des techniques meilleures que celles du vainqueur celui-ci se les approprie pour être encore plus fort.

Certes, le volume offert par la technique de "l’église halle" est plus majestueux et ouvert que celui offert par les structures des cathédrales Picardes. L’abandon des tribunes au profit de bas côtés surélevés comme à Rouen, Bourges, Beauvais et dans presque tous les édifices du XVème siècle, n’a pas apporté la même impression de volume et de grandeur que tout le monde recherchait y compris le roi de France.

En observant ce type de structure on imagine la complexité de l’étaiement nécessaire pour bâtir le voûtement. L’édifice ne pouvait pas être construit de façon modulaire, par travées. Chaque pile légère et émincée devait être maintenue en équilibre sans point d’appui tant que l’ensemble de la voûte n’était pas achevé pour assurer la répartition équilibrée des poussées latérales.  

La technique francilienne a été choisie parce qu’elle s’est révélée supérieure à la technique poitevine offrant une plus grande facilité de construction permettant d’aller encore plus haut grâce à la technique des arcs boutants. Beauvais eut été impossible à construire avec la technique poitevine.

La grande salle des malades de l’hôpital Saint Jean d’Angers, vraisemblablement édifiée au début du XIIIème siècle et maintenant abritant le musée Lurçat, illustre la légèreté de la structure et permet d’imaginer la forêt d’étais nécessaire pour soutenir les frêles piles durant la construction. Vous remarquerez l’épaisseur des murs extérieurs qui retiennent toute la structure.



Hôpital Saint Jean d’Angers (49)


ÉDIFICES AVEC 3 NEFS ET NEF CENTRALE SURÉLEVÉE


Nous avons vu que le type d’élévation avec fenêtres hautes pour les églises à trois nefs permettait d’améliorer la luminosité. Toutefois cette avancée restait limitée à des édifices de petites dimensions et aux nefs étroites pour les édifices couverts de voûtes d’arête.

La technique ogivale s’est imposée dans ses débuts pour construire plus grand et plus haut comme nous l’avons vu ci-dessus avec les église de Lavilletertre, Saint Germer de Fly, Chars, Saint Etienne de Beauvais.

Le progrès était évident mais restait limité à des édifices de hauteur réduite, les contreforts extérieurs étant insuffisants pour contrebuter la poussée latérale des voûtes car limités en épaisseur du fait de la présence des collatéraux. Cet écueil fut parfois limité par l’usage de tirants reliant les murs gouttereaux à l’intérieur de la nef comme à Nesle la Vallée.

Voici quelques exemples de ce type d’édifices qui conservent à l’extérieur une structure plutôt romane qui ne préjuge pas de la présence de voûtes d’ogives à l’intérieur car sans arcs boutants (sauf à Bagneux où ils ont été ajoutés postérieurement à la construction).


                                
                                                                                       Châlons en Champagne – Saint Alpin (51)

    

Grisy les Plâtres (95)


    
Cambronne lès Clermont (60)

    
Montréal (89)

         

Nesles la Vallée (95)


    
Santeuil (95)

    

Bagneux (92)

 
    

Lagny sur Marne (77)


    
Le Mans – Cathédrale Saint Julien (72)

    
Pontigny (89)

    
Rosheim (67)

    
St Benoît sur Loire (45)

    
Poissy (78)

Nous avons exploré la naissance et le développement de la technique ogivale pour différentes structures architecturales : nef unique, église halle, églises avec nef et bas-côtés. Certains édifices de dimensions plus que respectables, comme la cathédrale d'Angers (nef unique) ou celle de Poitiers (église halle) n’ont pas d’arcs boutants. D’autres, de dimensions plus modestes, n’ont pas d’arcs boutants comme Saint Etienne de Beauvais ou Saint Germer de Fly.

La technique était là mais  atteignait ses limites : les édifices à une nef restaient limités en hauteur et en dimension au sol, la technique des églises halle malgré ses avantages (surface au sol, luminosité, légèreté) ont atteint leur limité en hauteur (la cathédrale de Poitiers avec 30 mètres), les églises à trois nefs restaient fragiles et aussi limitées en hauteur et emprise au sol.

On lit parfois dans la littérature évoquant l’architecture religieuse médiévale que l’ogive et l’arc-boutant sont indissociables, l’un n’existant pas sans l’autre. Tous les exemples cités dans ce chapitre montrent que la voûte d’ogive existe sans l’appui d’un arc boutant.


Mais pour construire encore plus grand, encore plus haut, il fallait inventer de nouvelles structures. C’est l’objet du chapitre suivant L’arc boutant.