Naissance
du
terme "roman"
En
1818
l’historien
et archéologue Charles de Gerville introduisit le
terme "roman" pour nommer l’architecture du début de
l’époque médiévale, le terme "gothique" devenant
réservé à ce qui n’est pas "roman". Ce terme fut
ensuite repris par Arcisse
de Caumont, fondateur de la Société Française
d’Archéologie, mais les définitions de ce qui
caractérise le roman et le gothique du point de vue
architectural restent très floues, imprécises et
parfois subjectives.
La
classification
roman / gothique, totalement légitime comme nous le
voyons sur la photo ci-dessous de la cathédrale de
Beauvais, s’appuie souvent sur le saut technologique qu’ont
apporté
l’arc
brisé, la voûte d’ogive et l’arc boutant. Cette vision
est cependant trop réductrice pour rendre compte de la
formidable évolution technologique qui est le résultat
du progrès continu et de l’amélioration permanente.
(cliquer
sur l'image pour accéder à la page concernant
Beauvais)
La
distinction
entre
roman et gothique, si elle n'explique pas le pourquoi
de l'évolution, fournit un repère qui facilite la
navigation dans la communication lue ou écrite, tant
pour l'orateur ou l’écrivain que pour l'auditeur ou le
lecteur. Elle simplifie l'expression, elle économise
de constantes définitions en évitant ainsi l'usage
répété de lourdes et longues périphrases. C’est une
conception si commode que les historiens l’emploient
constamment tout en déplorant son inexactitude.
Limites
de
la classification roman / gothique
Dans
le
souci
légitime d’améliorer la connaissance, ce repère est
devenu une classification avec toutes les difficultés
liées à la définition des critères associés. Ces
caractères approximatifs, parfois subjectifs,
nécessairement arbitraires (arcs plein cintres ou
brisés, voûte en berceau ou en ogives, etc.) se sont
vite avérés insuffisants car ils décrivent de façon
trop binaire
l’évolution continue de l’architecture médiévale du
11ème au 14ème siècle.
Comme
dans
toute étude à caractère taxinomique on s’affranchit
des limites artificielles en multipliant le nombre de
classes ou en introduisant des sous-classes. Sont
ainsi apparus le préroman, le roman tardif, le
gothique de transition, le gothique rayonnant, le
gothique flamboyant. Parfois ces sous classes
ont-elles mêmes été subdivisées.
Du
point
de vue de l’histoire de l’art il est normal de parler
du "style roman" et du "style gothique", de les
caractériser, de décrire leurs évolutions, de les
dater et de les expliquer par rapport au contexte
politique, religieux, culturel et artistique d’alors.
Du
point
de vue de l’ingénieur il faut comprendre pourquoi et
comment on est passé d’Aulnay de Saintonge à Amiens
grâce au progrès technique continu et permanent dans
le contexte économique, politique et social de
l’époque.
Par
souci
de
simplification j’utiliserai parfois
les termes
traditionnels de cette classification roman / gothique
parce qu’ils sont des repères typologiques
et
chronologiques commodes
dans
l’évolution de l’art de construire,
mais
je
ne
les utiliserai absolument pas comme signifiants des
sauts technologiques majeurs. Parmi
les multiples variantes existantes je retiens la
classification suivante. Les dates restent bien
évidemment très approximatives
:
-
Préroman
:
avant l’an mille
-
Roman
:
1000 - 1125
-
Gothique primitif (ou
de transition)
:
1125 – 1175
-
Gothique
classique
:
1175 - 1250
-
Gothique
rayonnant
:
1250 - 1350
-
Gothique
flamboyant
:
1350 - 1500 (parfois appelé aussi gothique
tardif)
-
Néo-gothique : XIXème
siècle
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