En
pénétrant
dans l’église nous ressentons un sentiment d’unité comme
si l’édifice avait été bâti d’un seul jet. Il y a
continuité dans l’évolution du XIIème
au XIVème
siècle parce que les architectes ont su garder la ligne
du projet initial. L’art gothique primitif se superpose
avec
harmonie
à l’architecture
romane
d’un édifice antérieur.
Une
première
église du XIéme
siècle, sans transept, avait une abside semicirculaire
flanquée de deux tours dont les souches sont les seules
parties restantes aujourd’hui (voir le plan ci-dessous).
Dans
le
deuxième quart du XIIème
siècle, vers 1130, on édifie une église romane dont une
partie notable subsiste encore. Conçue sur un plan
beaucoup plus vaste mais contrainte au nord par un
cloître attenant à l’église, l’élargissement s’est fait
au sud. Le choix de conserver les souches des deux tours
a désaxé l’axe de l’église par rapport à l’entraxe des
tours. Elle était couverte d’une charpente apparente
cloisonnée toutes les deux travées par des arcs
diaphragmes, son élévation était avec tribunes et sa
façade occidentale flanquée de deux tours.
L’église
s’effondra
en 1157, catastrophe vraisemblablement anticipée puisque
les cloches furent enlevées, les vitraux démontés et les
stalles sauvegardées avant
le
drame. On
suppose
que le chœur et l’abside furent détruits par
l’écroulement d’une flèche située au-dessus. Ce fut
alors l’occasion d’édifier un
nouveau
chevet
très élégant, qui ressemble étonnamment à celui de Saint
Rémi de Reims, et d’embellir la
nef
et le transept en les mettant en harmonie avec le chœur.
Les
travaux
étaient bien avancés vingt six ans plus tard puisque
l’église fut bénite en 1183
mais
sans doute pas achevée. On devait encore y travailler au
tout début du XIIIème
siècle.
L’architecte
conserva
les piles de la nef avec leurs chapiteaux romans. Les
grandes arcades et l’ouverture des tribunes sur la nef
furent aménagées, les murs surélevés pour aménager un
triforium, comme dans le chœur et loger les fenêtres
hautes. Les voûtes ogivales furent lancées dans la nef
et dans le transept lui aussi surélevé et dont la partie
basse reste romane.
La
ressemblance
du chevet avec celui de Saint Rémi de Reims est
frappante, notamment les deux colonnes à l’entrée des
chapelles rayonnantes pour faciliter le voûtement du
déambulatoire.
La
base
de
la façade est conservée, l’étage avec les trois
fenêtres, la rosace et le pignon entre les deux tours
sont refaits. Les quatre tours romanes qui se
ressemblent sont conservées.
Les
importantes
évolutions
harmonieusement
combinées
avec
les
parties
romanes
de
l’édifice
du
début
du
XIIème
siècle,
tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, procurent à cette
église un aspect d’homogénéité remarquable alors que
tant d’autres édifices ont perdu leur âme d’origine par
des ajouts successifs conforme aux goûts de leur époque.
Au
XIVème
siècle
les
quatre
tours sont couvertes de flèches élancées couvertes de
plomb. Seule celle de la tour sud du grande portail
demeure telle quelle, les autres ayant été détruites
lors de la Révolution.
Au
XVème
siècle, en 1469, le porche flamboyant est construit
devant la porte méridionale du bas-côté.
Au
XVIème
siècle
les
baies
des
collatéraux
sont
remplacées
par
des
fenêtres
flamboyantes.
Le
XIXème
siècle
a
sauvé
l’église
de
la
ruine
grâce
à une restauration
complète
par l'architecte Jean-Baptiste Lassus sous l'animation
de l'abbé Champenois
:
-
Réparation du
chevet
-
Reconstruction complète des chapelles rayonnantes
-
Réfection quasiment à neuf des voûtes de la nef, du
transept, des tribunes et des bas-côtés
-
Reprise en sous-œuvre des piliers de la nef et de la
croisée du transept
-
Reprise de la partie supérieure de la tout nord et de sa
flèche
-
Reconstruction de la flèche de la tour sud
Ces
restaurations
nous
permettent de contempler l’édifice tel qu’il fut conçu
mais elles rendent difficile de discerner les éléments
de la fin du XIIème
siècle des éléments primitifs.
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