Étampes : collégiale Notre Dame du Fort (91)


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La collégiale Notre-Dame-du-Fort fut fondée en 1022, probablement par le roi Robert le Pieux.


De la collégiale du XIème siècle il ne reste que la crypte datée de 1036 et les premières marches de l’escalier menant au clocher (en vert clair sur le plan). A l’origine la crypte était à demi enterrée et le chœur de l’église romane, aujourd’hui disparue, était situé au-dessus. Les chapiteaux de la crypte sont hyper sobres, purement géométriques et faiblement décorés.

Dans le second quart du XIIème siècle fut entrepris la construction d’une nouvelle église en lieu et place de la précédente. Le projet initial était monumental comme le montre les trois premières travées de la nef et les bas-côtés attenants. Le projet fut abandonné pour des raisons inconnues.  La construction se poursuivit jusqu’au début du XIIIème siècle  dans un projet sans cesse remanié qui s’est déroulé en dix campagnes, comme l’a montré Eugène Lefèvre-Pontalis au début du siècle dernier. Les contraintes d’urbanismes ont conduit à une obliquité des murs qui rend le plan déconcertant. L’élévation finale où cohabitent des volumes de même hauteur avec une forêt de piliers évoque les grandes église halle gothique comme la cathédrale de Poitiers. L’ensemble reste déconcertant et difficile à interpréter lorsqu’on y est immergé.


Élise Bailleul, historienne de l’art, a remarquablement bien documenté la cohabitation d’espaces différents au sein de la structure de l’église et expliqué la chronologie de leur construction. Je m’appuie sur ses travaux dans la description qui suit.

Les campagnes 1 à 6 sont détaillées ci-dessous avec des dates et des schémas approximatis pour illustrer la chronologie. Les travaux ont été plus ou moins continus et des parties ont été détruites, et donc non visibles aujourd'hui, pour être remplacées par les parties visibles aujourd'hui.


Campagne 1 (vers 1130 – 1135 en noir) : reconstruction de la nef précédée d’un narthex (aujourd’hui non accessible). Les colonnes cylindriques avec des chapiteaux dont les corbeilles sont « coupées en deux » et implantés à deux niveaux différents vers la nef et versles bas-côtés, témoignent d’un ordre colossal en ayant qu’un seul support pour soutenir deux niveaux de voûtes. Initialement ces deux travées étaient couvertes de voûtes d’arêtes mais, sans doute fragilisées et détériorées, furent remplacées par un plafond en bois au XVIème siècle.

Vers 1845 les voûtes furent reconstruites en briques creuses. 



Campagne 2 (1135 – 1140 en jaune) : la construction ressemblerait à un bras de transept mais il n’y a pas l’équivalent au sud. Lors de l’extension de l’église, comme il était impossible de l’allonger à cause de la présence de la rue,  on a intégré dans l’église un petit bâtiment (aujourd’hui la sacristie), ce qui explique pourquoi on a « enflé » l’église vers le nord.


Campagne 3 (1140 – 1150 en rouge) : construction du vaisseau central. La largeur et la hauteur de la nef de la première campagne ont été conservées ainsi que les supports massifs montant de fond. Des ogives ont été utilisées pour le couvrement. La modénature évolue au fur et à mesure que l’on va vers l’est.


Campagne 4 (1150 – 1160 en vert foncé) : construction du double bas-côté nord du cœur. Cette phase est bizarre mais homogène. Deux clés de voûte sont remarquables avec 8 figures d’anges et 8 figures royales. Peut-être que l’espace était dévolu à la famille royale.


Campagne 5 (1160 – 1170 en orange) : construction du double bas-côté au sud du cœur et l’allongement du transept méridional orné de deux roses sur la façade côté rue. Cette partie est constituée de deux chapelles orientées séparées par le chartrier, pièce où étaient conservés les chartres, documents à valeurs administratives, comptables, patrimoniales. Au-dessus se trouve la salle du trésor accessible par une tourelle d’escalier ajoutée au XVIème siècle. La forme trapézoïdale, est due, comme au nord, aux contraintes des rues entourant la collégiale.


Campagne 6 (début XIIIème siècle en bleu clair) : la façade occidentale est reprise, le principe de trois portes est conservé maisla porte nord est inutilisable et la porte sud très étroite.


Parmi les quatre autres campagnes mentionnées par Eugène Lefèvre-Pontalis, l’une concerne la surélévation des murs gouttereaux qui sont crénelés pour fortifier l’édifice, mais il n’y a pas de chemin de ronde derrière les créneaux, il s’agit donc d’une fortification factice pour intimider. Trois campagnes concernent le clocher et sont contemporaines de l’édification de l’église. La dernière de ces trois campagnes concerne le rehaussement du clocher, ce qui lui donne une impression de légèreté.


Des fouilles seraient nécessaires pour mieux comprendre la chronologie des étapes de construction.


Au XVIème siècle, en 1515, l’actuelle sacristie est divisée en deux par des voutes d’ogives pour constituer la chapelle du Saint Sépulcre. En 1562, pendant les guerres de religion, l’église est saccagée par les calvinistes.

à la Révolution, le jubé ainsi que le clocher en charpente au-dessus de la croisée sont démolis. Les cloches du clocher en pierre sont descendues et fondues. En 1793 l’église est transformée en temple de la raison et ne retrouvera son statut d’église paroissiale qu’en 1801.

Au XIXème siècle l’église Notre-Dame du Fort a subi d’importantes restaurations et fut classé en 1840 sur la première liste de protection des Monuments Historiques.






Vue générale (source www.essonne.fr)

 

Contrairement à la quasi majorité des églises auxquelles nous sommes habitués, quel que soit leur âge, nous sommes ici en présence d’un édifice dont le plan ne correspond ni au plan traditionnel basilical ni au plan centré. Il n’est donc pas facile de se repérer lorsqu’on visite l'édifice. C’est pourquoi le reportage photographique précise, par des schémas, soit le périmètre observé, soit le volume observé. 



                    

Périmètre observé 


                 





    



    

    







    



    






















Portail royal






























































































                    

































Bas-côté sud










Bas-côté nord












                   






Vers le chœur


Vers transept nord                                                                                          Vers le chœur

Transept nord























    

                        

Volumes observés 



                   
















Bas-côté nord du chœur















Bas-côté sud du chœur et transept sud



    









    

                      





    

































































                       





























Dimensions

Largeur de la nef : 6,70 m

Hauteur du clocher : 55,0 m


Crypte :

Longueur : 7,60 m.

Largeur : 5,50 m.