L’abbaye
Saint
Pierre
de
Lagny
sur
Marne
a
une longue histoire. Quatre églises se sont succédées
depuis la fondation de l’abbaye en 648. L’abbaye ravagée
au Xème
siècle par les Normands fut reconstruite et achevée en
1017. Au XIIème
siècle plusieurs incendies ravagèrent la ville, le
dernier en 1184 causa de graves dégâts à l’église qui
fut gravement endommagée. Sa reconstruction fut décidée
en 1206 selon un plan majestueux, 110 mètres de long et
une hauteur sous voûtes de 27 mètres. Ce projet dont il
ne reste aujourd’hui que le chœur, ne semble pas avoir
été réalisé pour des raisons que nous ignorons.
L’architecture
du
chœur, dont la conception serait datée du tout début du
XIIIème siècle, intègre des
caractéristiques que l’on trouve dans des édifices plus
tardifs, avec arcs
boutants du fait de leurs dimensions. Le triforium vitré
allège
considérablement le mur gouttereau qui pourtant, ici,
doit résister seul à la
poussée des voûtes. Les bas-côtés et le déambulatoire
sont couverts de toitures
à quatre pentes qui les désolidarisent complètement de
la nef.
Nous
ne
connaissons rien de la nef du XIIème
siècle qui fut épargnée par l’incendie de 1187, à
l’exception de quelques vestiges de colonnes noyées dans
le mur occidental de l’édifice actuel.
Les
moines
bénédictins
Mauristes,
à
qui
on
doit
de
nombreuses
restaurations
d’édifices
en
péril,
s’installèrent
dans
l’abbaye
en
1638.
Devant
l’ampleur
des
travaux
de
restauration
de
la
nef
ils
décidèrent
en
1686
de
démolir
les
trois
premières
travées
de
la
nef
du XIIème
siècle qui en comportait cinq,
la façade et le portail.
En
1743
une
expertise
préconisa
la
rénovation
des
deux
travées
subsistantes.
Les
travaux
furent
engagés
mais
montrèrent
rapidement
que
les
matériaux nécessaires, du fait
de leur poids, allaient
fragiliser les structures existantes. La décision fut
alors prise de démolir ces deux travées et de laisser
l’église dans l’état que nous connaissons aujourd’hui.
Au
XIXème
siècle
les voûtes du chœur, qui étaient constituées d’un lattis
de bois enduit de plâtre, furent restaurées en carreaux
de plâtre avec joints.
Là
se trouve sans
doute
l’explication
d’une
caractéristique surprenante de cet édifice, l’absence
d’arcs boutants. La structure d’un édifice de cette
hauteur avec trois nefs, devait, comme nous le verrons
au chapitre suivant, nécessairement avoir des arcs
boutants pour soutenir de lourdes voûtes en pierre. En
fait les voûtes en pierre n’ont jamais existé à Lagny !
Nous avons vu que le projet grandiose de 1206 n’a pas
été réalisé, qu’il s’est limité au chœur. Sans doute
a-t-il été encore allégé en ne prévoyant pas de voûtes
en pierre mais uniquement en bois recouvert de plâtre.
En
1950
l’église prend le nom de Notre Dame des Ardents et Saint
Pierre en souvenir des deux épidémies du mal des ardents
qui ravagèrent la ville et de l’imploration de la Vierge
pour les surmonter.
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