Anséric
V(*), de la puissante famille seigneuriale
de Montréal, entreprit la construction de l’église que
nous voyons aujourd’hui, dans la deuxième moitié du XIIème
siècle, son fils Anséric VI(*) acheva la construction au début du
XIIIème siècle.
(*) Selon l’historien François Salet
Cet
édifice
illustre la transition du roman vers le gothique : une
nef voûtée en ogive, des collatéraux couverts en voutes
d’arête et un extérieur d’allure romane, aux murs
soutenus par d’épais contreforts et percés de petite
fenêtres en plein cintre. La simplicité épaisse et
frugale de l’extérieur contraste avec la sobriété
raffinée de l’intérieur. Le style est sévère mais d’une
grande pureté. Le plan ne contient que des formes
droites. Les chapiteaux sont ornés de sculptures simples
mais avec beaucoup de variations, les profils des
moulures sont d’une netteté remarquable et leur
exécution est soignée et parfaite.
L’église a été édifiée en deux campagnes. Le chœur, le
transept et la première travée de la nef ont été réalisés
vraisemblablement entre 1170 et 1180. Les deux dernières
travées de la nef et la façade sont du début du XIIIème siècle.
Le
changement
de campagne se remarque par la différence de moulure des
arcs doubleaux et l’orientation des colonnettes
supportant les ogives entre les deux premières travées
et la travée orientale.
Au
revers
de la façade une vaste tribune, unique en son genre, est
soutenue par de belles consoles en encorbellement et une
gracieuse colonne de pierre placée au milieu. Pouvant
accueillir entre 20 et 25 personnes, elle servait
peut-être de chapelle privée pour les seigneurs de
Montréal dont le château, aujourd’hui détruit, était à
proximité.
La
façade
adopte un curieux style d’inspiration avec ses deux
portes festonnées d’allure mauresque, peut-être une
inspiration orientale rapportée par Anséric
III au retour de la deuxième croisade. Il avait fait le
vœu de construire une église s’il en revenait vivant.
Au
XVIème siècle de riches stalles
harmonieusement sculptées furent installées dans le
chœur (non documentées dans le reportage qui suit).
A
la révolution l’église fut transformée en temple de la
raison. Le bas relief du tympan du portail ouest fut
détruit et remplacé par des slogans révolutionnaires.
L’église
fut
classée aux monuments historiques en 1846. Dans un grand
état de fatigue car fragilisée par des infiltrations
souterraines, elle fut restaurée de 1845 à 1852 par
Eugène Viollet-le-Duc qui œuvrait alors à Vézelay. Les
charpentes et la couverture furent refaites, les
contreforts latéraux furent renforcés, des arcs-boutants
furent placés dans les combles des collatéraux pour
renforcer la structure de l’édifice. Trois voûtes des
collatéraux furent refaites et les fenêtres hautes de la
nef furent réouvertes.
Cette
belle
église se remarque par l’absence de clocher. En fait un
clocher aurait été construit à la croisée du transept
bien après l’achèvement de l’édifice alors que la
structure nécessaire n’avait pas été prévu par les
bâtisseurs à l’origine. Détruit par une tempête, il fut
remplacé au XIIIème siècle par un clocher renaissance
lui aussi remplacé au début du XIXème
siècle par une sorte de flèche qualifiée de pigeonnier
par Viollet-le-Duc qui le démonta lors de la
restauration.
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