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La
cathédrale
Notre Dame de Paris que nous connaissons aujourd’hui, a
connu plusieurs évolutions architecturales majeures
jusqu’aux profondes mutilations qu’elle a subies au
printemps 2019.
Au
XIIème
siècle l’évêque Maurice de Sullly
décide de construire une nouvelle cathédrale sur le site
de l’ancienne cathédrale Saint Etienne devenue trop
petite. La première pierre est posée en 1163.
Notre
Dame
de Paris a été conçue dès le départ selon un plan à cinq
nefs, un vaisseau central flanqué de doubles bas côtés
et une élévation avec tribunes.
De
nombreuses
études furent consacrées à ce prestigieux édifice chargé
d’histoire. Comme très souvent, faute d’archives
correspondantes, la datation des évènements techniques
est imprécise et les éléments que l’on recueille dans
les différentes études
présentent
quelques
incohérences ou divergences. Je trace ici une synthèse
approximative pour présenter la logique de l’évolution
de Notre Dame de Paris au travers des siècles.
1163
– 1182 : construction
du chœur et de la partie orientale du transept. Consacré
le 19 mai 1182 l’édifice fut ouvert au culte et
l’ancienne cathédrale Saint Etienne put être détruite
pour libérer l’espace nécessaire à Notre Dame.
Le
double
déambulatoire du chœur est absolument remarquable dans
sa partie semi-circulaire.
Ses
caractéristiques sont expliquées dans l’onglet Chœur avec les
illustrations du déambulatoire.
1182
– 1190 : achèvement
du transept et construction des trois premières travées
orientales de la nef. Comme le montre le plan, le
transept est peu saillant.
1190
– 1200 : Construction
des assises de la façade et début des deux travées
occidentales de la nef.
1200
– 1230 : Façade
élevée jusqu’à la galerie des rois, raccordement des
travées occidentales avec la façade, achèvement des deux
tours.
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A
une date indéterminée un incendie, non mentionné dans
l’histoire mais dont Viollet le Duc a retrouvé les
traces lors de la restauration de Notre Dame au XIXème
siècle, détruisit les combles des tribunes et endommagea
les arcs boutants.
La
cathédrale
subit alors de profondes évolutions jusqu’au début du
XIVème
siècle.
1220
– 1230 :
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Les combles des tribunes furent remplacées par un toit
plat.
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Les arcs boutants à deux volées furent remplacés par des
arcs boutants à une seule volée d'une portée de 15
mètres, reposant sur d’imposantes culées conçues
de façon à pouvoir insérer des chapelles entre deux
culées.
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Les fenêtres hautes sont agrandies vers le bas, les
roses surmontant les arcades des tribunes sont
supprimées.
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1230
– 1260 :
-
Des chapelles latérales sont construites entre les
culées des contreforts le long de la nef et des travées
droites du chœur.
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Les pignons du transept sont alors en retrait du mur des
chapelles latérales. Il faut allonger les croisillons en
ajoutant une travée. Les pignons sont reconstruits dans
le style du XIIIème
siècle, ornementés chacun d’une superbe rose de 12,90
mètres de diamètre.
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Une flèche en bois couverte de plomb fut étigée à la
croisée du transept. Elle subit les assauts des
intempéries et, délabrée, fut démontée en 1786.
1295
– 1310 : Les
chapelles radiales du chœur sont construites alors que
les voutes du chœur étaient encore soutenues par des
arcs boutants à deux volées. Les anciens arcs boutants à
deux volées du chœur
sont alors remplacés par des arcs à une seule volée
d’une portée de 15 mètres.
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Le
plan et la structure de la cathédrale ne furent plus
remaniés.
Au
XVIIIème
siècle,
époque du renouveau architectural de Louis XIV, des
aménagements furent entrepris pour mettre l’édifice au
goût du jour. Un décor en plâtre recouvrit les colonnes
et les arcades du chœur,
la statutaire changea d’époque. Les vitraux du XII et
XIIIème
siècle furent remplacés par des vitres blanches.
L’architecte Soufflot fut chargé de détruire le trumeau
et une partie du linteau du portail central pour que les
dais des processions puissent sortir de l’église,
détruisant ainsi de nombreuses sculptures. Il
construisit la sacristie de style renaissance
accolée au flanc sud du chœur.
La
Révolution,
dont Paris était l’épicentre, s’acharna avec violence
sur ce symbole de la religion. Les statues des portails
furent vandalisées, la galerie des Rois au premier étage
de la façade fut démolie et l’intérieur de la cathédrale
fut dépouillé.
Au
XIXème
siècle
l’architecture
gothique fut remise au goût du jour par le mouvement
romantique et Victor Hugo fut un ardent défenseur du
souvenir de Notre Dame de Paris dans le roman dont il
en fit le titre. Un vaste chantier de
restauration de la cathédrale Notre Dame, en très
mauvais état, fut mené par Eugène Viollet-le-Duc et
Antoine Lassus. Les options retenues par ces architectes
soulevèrent des polémiques car ils ont restitué un
édifice qui n’a jamais existé comme tel dans le passé
tout en respectant scrupuleusement les principes et les
harmonies du Moyen Âge.
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Le portail central fut restitué dans sa configuration du
XIIIème
siècle, les statues vandalisées remplacées par des
copies de statues existantes dans d’autres cathédrales
gothiques.
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Les statues des rois de la galerie du premier étage de
la façade furent restituées par des copies de celles de
la galerie des rois de la cathédrale de Reims.
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L’élévation du XIIème
siècle, où les tribunes sont surmontées d’une rose et
les fenêtres hautes sont raccourcies, fut restituée dans
les demi travées de la nef et du chœur adjacentes au
transept et dans les croisillons nord et sud.
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Les vitraux des XIIème
et XIIIème
siècle, disparus, furent remplacés par des vitrages
illustrés (ils furent renouvelés en 1965).
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Une nouvelle flèche en bois, véritable chef d’œuvre
malheureusement aujourd’hui consumé dans l’incendie de
2019, fut érigée selon les dessins de Viollet-le-Duc
et
ornées
de statues représentant les apôtres et Eugène Viollet le
Duc lui-même. Ces statues, déposées peu de temps avant
l’incendie pour restaurer la flèche, ont été épargnées.
-
La sacristie de Soufflot, verrue accolée au flanc sud du
chœur, fut remplacée par un bâtiment conçu dans un style
néogothique pour être en harmonie avec la cathédrale et
ne pas nuire à l’esthétique de l’ensemble : on la
remarque peu. Le projet initial de Viollet-le-Duc et de
Lassus était d’enterrer la sacristie afin qu’elle
n’altère pas la perspective de Notre Dame, mais les
contraintes logistiques auraient été difficilement
surmontables à l’époque.
Vous
trouverez
à l’onglet Détails
quelques images de la maquette de la cathédrale réalisée
avant les travaux de restauration par Viollet le Duc.
Elle est exposée à la Cité de l’Architecture à Paris.
La
cathédrale
fut victime d’un très grave incendie en avril 2019 qui
détruisit la totalité de la charpente et provoqua
l’effondrement de trois voûtes. Quelques photos d’actualité
montrant
les dégâts figurent
dans
le chapitre
consacré au couvrement par une charpente.
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(Photo
site Doctissimo)
(Photo
Le Parisien)
Les
travaux de réparation sont colossaux, ils ne se résument
pas à refaire une charpente. Il faut d’abord sécuriser
l’équilibre de tout l’édifice car la charpente n’est pas
qu’un toit, elle participe aussi à l’équilibre de
l’ensemble de la structure. La chaleur intense a
fragilisé les pierres. Une difficulté supplémentaire
vient de la présence de l’échafaudage métallique mis en
place pour la restauration de la flèche. Déformé, tordu
et partiellement fondu par les flammes, son démontage
est périlleux car les cinq-cents tonnes de métal doivent
être sciées et dégagées sans forcer sur l’équilibre des
murs ni menacer les voûtes très fragilisées.
Les
techniques
mises en œuvre sont impressionnantes et nous invitent à
rendre hommage à nos ancêtres qui eurent, ô combien de
fois, à réparer leurs édifices mutilés par le feu, avec
des moyens qui nous apparaîtraient aujourd’hui
rudimentaires, voire dérisoires.
Le
reportage
qui suit est abondamment illustré, sans doute trop (203
photos), car j’ai voulu restituer des détails, des
perspectives, des sensations, des émotions dont nous
allons être privés durant de longues années.
Les
prises
de vues ont
été
délicates
car
la cathédrale est naturellement très sombre et le volume
occupé par les fidèles est illuminé par une multitude de
somptueux lustres auxquels s’ajoutent en hauteur de très nombreux spots
éblouissants. Un tel contraste est difficile à atténuer.
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Vue
générale (Wikipedia
Creative Common)
Contrefort
à
double volée près du croisillon (vestige du XIIème ou
reconstruction du XIIIème siècle selon Viollet le Duc ?)
Croisillon
nord
Croisillon
sud
Rose
sud
Rose
nord
Le
plan
du double déambulatoire de Notre Dame de Paris est très
original par rapport aux plans usuellement adoptés pour
les édifices à double déambulatoire.
À
Chartres, par exemple, il y a autant de piliers dans
chacun des demi-cercles qui délimitent les
déambulatoires. Ainsi les travées des déambulatoires
sont des trapèzes curvilignes tous différents qui
cohabitent dans un grand désordre n’offrant aucune
perspective attrayante lorsqu’on s’y promène.
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A
Notre
Dame
de Paris, l’ajout de piles supplémentaires dans les
cercles extérieurs au pourtour du chœur délimitent des
surfaces triangulaires toutes identiques
couvertes par des voûtains triangulaires qui
offrent une perspective donnant cette impression de
volume, de légèreté et d’espace extraordinaire. Cette
disposition a été reprise dans la crypte de la
cathédrale de Bourges avec le même effet d’espace.
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Clôture
nord
du chœur (XIIIème
siècle)
Clôture
nord
du chœur en mapping-vidéo (Noël 2008)
Portail
nord
Piles
de la nef
Piles
du
chœur
La
maquette de Notre Dame de Paris, exposée à La Citée de
l’Architecture à Paris, a été réalisée en 1843 avant les
travaux de restauration de Lassus et Viollet le Duc.
Réalisée
en plâtre, elle est en
grande
partie démontable (toitures, voûtes, murs...) et reproduit
les décors intérieurs (peintures, mobiliers...). Elle
présente un
état
archéologique très bien documenté de la cathédrale avant
les restaurations du
XIXème
siècle. |
Daguerréotype
de
1840
Maquette
de 1843
Absence
de
la flèche, du trumeau du portail central et de la statue de la
Vierge devant la rosace,
éléments
créés
par Viollet-le-Duc
Sacristie
de style renaissance de Soufflot détruite par Viollet-le-Duc
Élévation
XIIIème
siècle
aujourd’hui
remplacée
par les élévations XIIème
avec rosaces par Viollet-le-Duc
Dimensions
Longueur
totale
: 127
mètres
Largeur
totale
:
48 mètres
Hauteur
des
tours
: 69 mètres
Hauteur
de
la flèche : 96 mètres
Longueur
de
la nef : 60 mètres
Largeur
de
la
nef : 13 mètres
Hauteur
sous
voûte
de la nef et du chœur
:
33 mètres
Largeur
de
chacun
des collatéraux : 5,9 mètres
Hauteur
sous
voûte
des collatéraux extérieurs : 10,1 mètres
Hauteur
sous
voûte
des collatéraux intérieurs : 10,5 mètres
Longueur
du
transept:
48 mètres
Largeur
du
transept
: 14 mètres
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