Rosheim
est
située à une trentaine de kilomètres au sud est de
Strasbourg. Cette petite ville, située dans la région
historique et culturelle d’Alsace, est riche d'un passé
et d'un patrimoine exceptionnels qui lui ont valu le
surnom de « cité romane »
L’église
Saint-Pierre
et Saint-Paul de Rosheim est représentative de
l’évolution progressive du roman vers le gothique. Voilà
un édifice typiquement roman doté de voûtes en ogives,
le tout en parfaite harmonie. La profusion de décor à
l’extérieur, tant par les sculptures que par les
modénatures, contraste avec la pénombre et la rigueur
des masses des piliers et des puissantes ogives à
intérieur.
Les
ogives
ne
possèdent
pas
de
support
mais
s’amincissent
en
fuseau
dans
l’angle
de
l’arc
formeret
et
de
l’arc
doubleau comme si au départ le voûtement était prévu en
arête. La
netteté des surfaces et des sculptures donnent un aspect
moderne ou fortement restauré. Les archives des
Monuments Historiques de 1845, bien avant les premières
restaurations de 1859, montrent les mêmes chapiteaux en
parfait état et il n’est fait état d’aucune mention de
réfection des chapiteaux dans les travaux de
restauration.
Le
chœur
offre
la grande nudité d’origine car il a été débarrassé, en
1968, des lourdes peintures d’inspiration byzantine
qu’avait fait réalisé l’architecte Ringeisen
pour égayer son austérité.
Au
départ
il
y
avait
l’église
toute
simple
reconstruite
à
la
hâte
en
1135
après
l’incendie
de
1132
qui
détruisit
la
ville.
La
construction de l’église s’est déroulée en trois
campagnes durant une période courte, ce qui explique sa
grande homogénéité.
Première
campagne
(1150 – 1160) : construction du chevet, croisillon nord,
mur nord, façade et mur sud jusqu’à le nef de l’ancienne
église (voir schémas ci-dessous).
Deuxième
campagne
(1160
– 1170) : destruction de la nef de l’ancienne église en
préservant le chœur, sans doute pour conserver un espace
dédié au culte pendant la suite des travaux.
Construction du mur sud et du croisillon sud.
Troisième
campagne
(1170
–
1190 ?): achèvement de la façade du croisillon sud et
voûtement de
l’église.
Le
chœur de l’ancienne église n’a pas été démoli pour faire
place à une absidiole symétrique de celle du nord. Cet
ancien chœur est devenu la chapelle de la vierge.
Pourquoi ? On l’ignore.
L’église
Saint-Pierre
et Saint-Paul fut préservée des destructions massives au
cours de l’histoire, excepté deux incendies qui
détruisirent les toitures sans causer d’autres dégâts
significatifs dans l’édifice.
Au
XIVème
siècle
le
clocher
octogonal fut réhaussé d’un étage de style gothique.
Au
début
du
XVIIIème
siècle
l’église,
comme
bien d’autres, est mise au goût du jour. Quelques
fenêtres des bas-côtés sont élargies, une tribune est
placée au dessus du portail pour recevoir en 1733 un
buffet d’orgue du facteur Silbermann. On construisit un
étage au dessus de la chapelle de la vierge pour abriter
la sacristie, à laquelle on accédait par la tourelle
construite en 1712.
L’édifice
fut
classé
aux
Monuments
Historiques
en
1840.
D’importants
travaux de restauration furent confiés en1859 à
l’architecte Ringeisen
qui, avec discernement, élimina tous les ajouts du XVIIIème
siècle pour restituer l’église telle que ses architectes
l’avaient conçue. La tribune d’orgue fut démolie et
l’orgue installé au premier étage de la chapelle de la
vierge qui devint la sacristie. Il fit percer, dans le mur
sud de la travée droite du chœur, deux ouvertures pour que
l’organiste puisse voir l’autel et suivre le déroulement
de la messe.
Les
schémas ci-dessous illustrent la chronologie de la
progression de la construction.
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