La
première
abbaye Saint Savin à Saint Savin sur Gartempe,
dans
le
département de la Vienne,
a
été fondée à la fin de l’empire de Charlemagne. L’église
que nous voyons aujourd’hui est remarquable et
mondialement connue pour ses peintures uniques tant par
leur surfaces (près de 412
m2)
et l’audace de leurs positions à une hauteur de 13 à 16
mètres au dessus du sol. Pour la plupart, ces peintures
ont échappé par miracle aux outrages du temps et des
hommes.
Cette
notoriété
fait parfois placer son architecture au second plan
alors qu’elle est une des plus belle et plus pure église
de l’art roman. L’église n’a pas été conçue et bâtie
pour les peintures mais celles-ci viennent l’achever et
la parfaire.
L’édifice
a
été bâti en trois campagnes différentes sur lesquelles
les historiens s’accordent mais divergent sur leur
chronologie délicate à dater. Je retiendrai ici celle de
l’éminent historien Marcel Aubert.
La
construction
a débuté dans la deuxième moitié du XIème
siècle à l’emplacement d’une précédente abbatiale
carolingienne dont il ne subsiste aucun
vestige.
1ère
campagne 1060 - 1075 : le rez-de-chaussée de la tour
porche et le transept.
2ème
campagne 1075 – 1085/1095 : les trois premières travées
de la nef, le chœur et les deux étages de la tour
porche.
3ème
campagne 1095 – 1115 : les six dernières travées de la
nef.
Selon l’historien Paul Deschamps les peintures de la nef
ont été réalisées tout de suite après la construction et
l’ensemble des peintures de l’église ont été réalisées
dans un espace de temps très resserré au cours du XIème
siècle.
Le
clocher
porche et les trois premières travées de la nef sont
désaxés par rapport au chœur sans doute parce que les
architectes ont utilisé des maçonneries anciennes et que
l’ancienne nef carolingienne était encore présente pour
assurer la continuité du culte.
La
nef
est couverte d’un berceau légèrement brisé, les trois
premières travées sont scandées par des arcs doubleaux
alors que les six travées suivantes sont couvertes d’un
berceau continu. Les bas côtés sont couverts de voûtes
d’arêtes réalisées en blocage et peintes pour donner
l’illusion d’assises en pierres taillées.
Le
carré
du
transept,
surmonté
d’un
clocher,
est
couvert
d’une
voûte
d’arête
en
blocage,
peinte
en
assises
en
trompe l’œil. C’est
un
des
rares
cas
où
le
carré
du
transept
n’est
pas
couvert
par
une
coupole.
Au
XIVème
siècle une flèche gothique fur ajoutée au
clocher-porche.
Au
XVIème
siècle, les guerres de religion (1562-1568)
endommagèrent l’église. La charpente fut brûlée, les
statures et l’orgue détruits. En 1580 les bâtiments
abbatiaux furent détruits.
Au
XVIIème
siècle
l’arrivée
des bénédictins de la congrégation de Saint Maur,
en
1640, sauva l’église
de la ruine, comme dans de nombreuses autres situations
à l’époque. Ils firent réparer le
clocher
et
renforcèrent le mur du collatéral sud fragilisé par la
disparition du cloître.
Avec
la
bienveillance de Prosper Mérimée l'église fut classée en
1836 aux Monuments Historiques. Les fresques,
heureusement
préservées par un affreux badigeon,
furent
dégagées
de 1841 à 1852. Les peintures de la première travée ont
disparu et celles des 2ème
et 3ème
travées sont mutilées.
Les
colonnes
de la nef, initialement peintes d’un ornement simulant
les veines du marbre, furent refaites à partir de
vestiges anciens. Les peintures qui décoraient le
transept ont disparu
et
dans le chœur il ne reste que des figures de Saints
peintes sur des piliers.
La
flèche,
partiellement
endommagée
par des orages,
fut
reconstruite en 1887.
La
crypte
et la salle située au dessus du porche, très étroite (7,3
mètres
de long, 6 mètres
de large pour 15 mètres de hauteur),
sont
également
couvertes de peintures que je n’ai pu immortaliser
lors
de
ma
visite,
n’ayant
pas eu accès.
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