Senlis

Senlis - Cathédrale Notre Dame (60)

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Lorsque nous visitons l’extérieur de la cathédrale Notre Dame de Senlis, dans l'Oise, nous sommes déroutés par son architecture qui semble être le résultat de l’adition désordonnée d’éléments divers, chacun du style de son époque, sans aucune recherche d’une quelconque harmonie d’ensemble. Il est impossible d’en déduire la chronologie que nous résumons ci-dessous par l’illustration des plans successifs.

Par contre, une fois franchi le portail principal, nous sommes saisis par le contraste avec l’impression d’homogénéité qui se dégage, comme si l’édifice avait été bâti d’un seul jet.

Comme beaucoup d’édifices religieux de notre patrimoine, Notre Dame de Senlis eut une vie mouvementée. Au tout début du XVIème siècle, en 1504, un important incendie ravagea l’édifice, comme le fut Notre Dame de Paris en avril 2019. Je cède la parole à Marcel Aubert, éminent historien de l’art (1884-1962) qui relate l’évènement dans la monographie publiée en 1913 :

« Au mois de juin de cette année, un incendie allumé par la foudre, embrasa la charpente entière, le beffroi et toutes les parties hautes de l’église ; les voûtes du vaisseau central s’effondrèrent, et la flèche fut menacée. « Le plomb coulait dans les rues de la ville, disent les vieux chroniqueurs, comme l’eau dans les grandes lavasses de pluie ». L’incendie dura deux jours ; à peine était-il éteint qu’on chargea Gilles Hazart, maître des œuvres de maçonnerie du baillage de Senlis « d’aller quérir les maistres maçons et autres ouvriers tant à Beauvaiz que à Compriègne pour fere visiter la ditte église tant sur les dommages et interesrtz que sur les réparations nécessaires ». »

Comme nous l’évoquerons, les travaux de restauration et de reconstruction furent importants. Le maître-autel ne fut béni qu’en 1519, soit 15 ans après le drame. La reconstruction du transept s’acheva en 1560. Ce sauvetage fut possible grâce à l’implication financière des souverains Louis XII puis François Ier.

La construction de la cathédrale débuta en 1153 sous l’épiscopat de Thibaut pour remplacer un édifice en grand état de vétusté. L’église est à trois nefs, un vaisseau central comportant six travées, les trois premières quadripartites, les suivantes sexpartites. Un faux transept (transept inachevé ou bien une travée sexpartite flanquée de chapelles latérales ?). Un chœur constitué d’une travée droite sexpartite et une abside à sept pans.

Selon un ordonnancement très classique, les voûtes sexpartites sont soutenues par une alternance de piles fortes et faibles

Vers le milieu du XIIIème siècle d’importantes transformations furent engagées. Les deux travées sexpartites situées avant le faux transept furent remplacées par un transept, faiblement saillant par rapport aux chapelles latérales, et une étroite travée quadripartite.

La tour sud fut couverte d’une flèche à deux étages, le premier culminant à 14 mètres, le second à 26 mètres.

A la fin du XIVème siècle fut édifiée au nord de la cathédrale la salle capitulaire et la bibliothèque attenante.

Au XVème siècle, en 1465, fur construite la chapelle du Bailli au sud de la travée droite du chœur.

Comme nous l’avons relaté, le XVIème siècle fut le théâtre de l’incendie qui ravagea la cathédrale. Les réparations furent l’occasion de moderniser l’édifice tout en respectant les orientations prises par les architectes des XIIème et XIIIème siècle.

- Le transept fut entièrement reconstruit en reconduisant l’élévation à trois niveaux en respectant les tribunes des siècles antérieurs. Les travées furent couvertes par de voûtes d’ogive avec liernes et tiercerons. Les façades des transepts, achevées en 1538 au sud et en 1560 au nord, sont de style flamboyant.

- Les voûtes de la nef et du chœur furent entièrement reconstruites dans le style du XIIème siècle, en surélévation d’environ sept mètres par rapport à la nef du XIIème siècle. La première travée, où se trouve l’orgue, a conservé la structure d’origine. L’étage des tribunes fut conservé tel qu’il était, les fenêtres hautes furent agrandies sans trop s’éloigner du style rayonnant.

- Des chapelles latérales furent ajoutées de part et d’autres des collatéraux de la nef, couvertes de voûtes d’ogives avec liernes et tiercerons.

- Au XVIIème siècle le chœur reçut une décoration néo-classique comme beaucoup d’édifices gothiques, décoration toujours présente. La chapelle du Sacré Chœur fut édifiée en 1671 sur le flanc nord de la travée droite du chœur.

La révolution apporta son triste cortège de dégradations, de bûchage des statues, de pillages. Classée parmi les Monuments Historiques en 1840, elle fut abondamment restaurée durant le XIXème siècle. Une chapelle axiale fut ajoutée et la sacristie polygonale fut totalement reconstruite.

Le plan ci-dessus à droite, montre l’état actuel de la cathédrale avec la datation des différentes parties que l’on observe en visitant l’édifice. L’aspect multicolore du plan contraste avec la première impression que l’on ressent en pénétrant dans l’église, au premier coup d’œil, aux premiers regards circulaires, cette grande homogénéité comme nous l’avons évoqué en préambule. Cela tient d’une part au grand respect que les architectes du XVIème siècle ont eu à l’égard de leurs prédécesseurs en ne trahissant pas leur vision et d’autre part au fait que la perspective initialement voulue a été strictement préservée comme le montre la surimpression en bleu pâle du plan initial de la nef et du chœur de l’église du XIIème siècle.