Saint Benoît sur Loire - Abbatiale Notre-Dame de l'abbaye de Fleury (45)

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L'abbaye de Fleury est située à Saint Benoît sur Loire, proche de Sully sur Loire dans le Loiret.


En 529 Saint Benoît fonda une abbaye à Mont Cassin, ville située entre Rome et Naples en Italie. En 651 un abbé, Leodebold, fonda un monastère à Fleury, près d’Orléans. Quelques années plus tard les reliques de Saint Benôit furent transféré de Mont Cassin à Fleury. Ce fut le début de la longue histoire de l’abbaye de Fleury. A la fin du XIème siècle on comptait environ 1450 abbayes en France. Aujourd’hui il n’existe plus qu’environ 80 abbayes en activité, dont celle de Fleury. Certaines parties, à l'extérieur comme à l'intérieur ne sont pas accessibles au public.


L’abbaye de Fleury au cours de ses presque 1400 ans d’existence connut une alternance de périodes fastes et prospères et de situations d’abandon et de faiblesse dans des contextes politiques secoués par les cycles de guerres, d’affrontements idéologiques et d’expansion économique. Du XIème au XIIIème siècle fut une période d’apogée pour l'abbaye de Fleury.

L’église carolingienne Notre Dame avait été gravement endommagée par un incendie en 1026. L’abbé Gaulzin, après l’avoir restaurée, décida de la reconstruire et d’édifier une grande et belle tour qu’il voulait « qu’elle fut un exemple à  toute la Gaulle ». A sa mort en 1030 la tour était inachevée et ce fut l’abbé Guillaume qui entreprit e, 1060 d’achever la tour et de reconstruire l’église.


La tour, initialement indépendante de l’église, a été commencée au début et achevée à la fin du XIème siècle. C’est une puissante construction, actuellement ouverte sur trois faces puisque la nef de la nouvelle abbatiale est venue obstruer la quatrième face. Elle est soutenue par seize piliers portant cinquante-quatre chapiteaux historiés ou décorés de composition florale. Le thème principal est l’apocalypse prédisant sous forme allégorique la fin du monde et l’antagonisme permanent entre le bien et le mal. Les seize piliers délimitent neuf travées disposées en damier, couvertes de voûtes d’arêtes séparées par des arcs doubleaux. Les voûtes sont à 6,60 m de haut. Au premier étage, qu’on ne visite pas, l’agencement est identique avec des voûtes situées à 10,30 mètres. Dans le mur de la face nord de la tour ont été encastrés des bas reliefs réemplois de sculptures anciennes.


La reconstruction de l’église a commencé, entre 1060 et 1070, par la démolition du chœur et du transept de l’église précédente tout en préservant la nef pour assurer la continuité du culte. La construction commença en premier lieu par la crypte puis le chœur, dont le plan est le même que celui de la crypte, et le transept. Ils ont été terminés en 1108, au moins dans leur gros œuvre avec une décoration inachevée
.

Toute l’architecture de la crypte est rayonnante et converge vers le pilier central où se trouvent les reliques de Saint Benoît dans un évidemment formant un petit oratoire. Ce pilier est entouré d’un double déambulatoire.


Le chœur a un développement très original avec une partie droite de 15 mètres de long, couverte d’une voûte en berceau continu à 20 mètres de haut supportée par six arcades. Une sorte de faux petit transept pas saillant, ouvrant sur deux chapelles fait le lien entre la longue travée droite et l’abside. Semi circulaire, elle est voûtée en cul-de-four et entourée d’un déambulatoire voûté en arête ouvrant sur deux chapelles orientées. L’accès au déambulatoire est actuellement réservé aux moines.


Le grand transept, très saillant ouvre dans chaque croisillons sur deux chapelles. De facture très sobre, ils sont couverts en berceau. La croisée est couverte d’une coupole soutenue par deux étages de trompes superposées.


Après une interruption assez longue des travaux la construction de la nef fut engagée entre 1180 et 1213 selon deux phases. Malgré l’extrême lenteur des travaux, elle présente une grande unité. Le parti initial au XIIème siècle était de la couvrir d’une voûte en berceau brisé dans la continuité du chœur, mais elle fut couverte de voûtes d’ogive, technique en plein développement à cette époque permettant de construire plus léger.


On construisit d’abord toutes les piles des grandes arcades entre le transept et la tour ainsi que les bas-côtés qui furent couverts en arête. Puis on construisit l’élévation des trois dernières travées à l’est accolées à la croisée du transept. Elles sont alors couverts d’une voûte en lambris de bois. Ensuite on construisit les parties hautes des quatre travées occidentales selon un schéma différent, plus haut. Les trois travées orientales sont alors réhaussées (on distingue encore l’ancienne base des chapiteaux et du cordon mouluré qui marquait le sommet du mur supportant la voûte en bois). Les sept travées sont alors couvertes de voûtes d’ogive. Sur la quatrième travée ouvre le portail nord qui était le seul accès à l’église. Il est doté d’une sculpture abondante.

La dédicace de l’abbatiale fut célébrée le 26 octobre 1218.


Comme tous les édifices religieux, l’abbaye de Fleury eut à souffrir des saccages et destructions de la guerre de Cent Ans puis des Guerres de Religion et de la Révolution ainsi que des mises à la mode de son architecture au XVIIIème siècle.


En 1413 les stalles furent installées à la croisée du transept.

Le monastère fut pillé par les anglais en 1476.

En 1486 l’abbaye fut mise sous le régime de la commende, ce fut le début d’un lent déclin, ses revenus étant progressivement détournés par les abbés commendataires.

L’abbaye eut à souffrir de graves déprédations par les huguenots en 1562.


En 1627 la réforme de Saint Maur et l’arrivée de moines mauristes  marquent le début d’une renaissance de l’abbaye. Les moines restaurent l’abbatiale et reconstruisent les bâtiments conventuels qui avaient été laissés à l’abandon.

En 1648 une porte fut percée dans le mur occidental de la nef pour permettre un accès à l’église par la tour porche

En 1657 les religieux installèrent dans le chœur un immense retable qui s’élevait jusqu’aux fenêtres hautes, le « mausolée », destiné à supporter la châsse de Saint Benoît. Pour supporter la lourde masse, un mur épais fut construit dans la crypte qui fut en partie comblée et donc devint inutilisable.

En 1704 on construisit une tribune dans la première travée de la nef pour y placer un orgue.


A la Révolution les bâtiments monastiques furent vendus et démolis. L’église pillée et abandonnée menaçait de disparaître.


Classée aux Monuments Historiques en 1835, d’énormes travaux furent engagés dès 1836. Ils durèrent jusqu’au-delà du début du XXème siècle.

Un projet fort heureusement abandonné prévoyait de démolir une partie de l’église afin de récupérer les matériaux pour restaurer l’autre partie !

L’orgue et son buffet furent enlevés pour être placés dans la cathédrale d’Orléans en 1822.

En 1861, le mausolée fut démonté et en partie détruit. La crypte, dans un état lamentable a été fortement restaurée en préservant le plan initial. Les piliers ont été refaits mais les voûtes et les arcs sont ceux d’origine.

Les parties hautes du chœur et du transept ont été refaites.

Le croisillon sud avec ses deux chapelles a été entièrement reconstruit. La voûte et le mur sud ont été refaits avec pour modèle le croisillon nord.


En 1962 la dallage antique du sanctuaire fut restitué à son emplacement d’origine. Il avait été déplacé et disposé en trois paliers en pente douce lors de l’installation du mausolée. Ce dallage, sans doute d’origine romaine, provenait vraisemblablement de l’église primitive où il aurait été offert par l’abbé Gauzlin lors de la restauration de l’église primitive en 1026.


Nota : compte tenu de l’abondance du décor sculpté nous avons distribué les images dans chacun des paragraphes consacré à une partie de l’édifice.

 


Plan de la crypte


Vue générale (source ww.enrouelibre-centrevaldeloire.com)


Vue générale (source ww.survoldefrance.fr)


Vue générale (source ww.pinterest.fr)



                


























Portail nord











Face nord de la tour-porche

















 


           

               


















                

Le schéma ci-dessous représente la distribution des 16 piliers et des 54 chapiteaux et le type de chapiteau : historié, feuillages avec figurines d’hommes ou d’animaux, feuillages ainsi que les chapiteaux entièrement refaits à l’époque moderne.

Les photos des chapiteaux historiés sont accompagnées d’un résumé des commentaires rédigés par Jules Banchereau dans la monographie qu’il a publié en 1930.



                     
01 et 015


01 : Fouillis de lions encadrant des têtes humaines. Lions fraternisant avec leurs dompteurs ?







015 : L’Annonciation : à gauche l'ange s'adresse à la Vierge, au centre la Visitation, à droite le Christ bénit et tient le livre des Évangiles.






12 s et 12 e



12 s : Saint Martin partage son manteau à gauche. Au centre il est glorifié. A droite un ange tient un encensoir à côté d'un dragon.







12 e : Homme tenant un couteau, homme barbu levant une main, homme tenant une pomme et soutenu par un ange. Sous leurs pieds quatre lions et un diable : lions fraternisant avec leurs dompteurs ?






13 n : A gauche St Michel tue le dragon. Au centre la fuite en Égypte, la Vierge portant l’enfant est assise sur un âne que conduit Saint Joseph.. A droite un guerrier tient un glaive pour rappeler le massacre des Innocents.









Les trois chapiteaux historiés de la pile 21 représentent des animaux affrontés ou adossés, peut-être des chevaux, des chiens, des bœufs ?


21 n




21 s - 21 e


21 s



21 e




24 o : Chapiteau très mutilé sur lequel on distingue des anges séraphins (avec 3 paires d'ailes) et le diable : Saint Michel et Satan se disputant les âmes ?





31 e : Plusieurs interprétations cohabitent pour ce chapiteau : des éclopés et des mendiants avec des serpents pour évoquer les péchés capitaux et les misères de l'âme ? Charmeurs de serpents, un lutteur maîtrisé par son adversaire dont il tire la barbe, un dompteur nourrissant un fauve, enfin un receveur recevant l'obole des spectateurs ?









Les trois chapiteaux de la pile 33 (n, o, s) représentent des scènes de l’apocalypse.



33 n : Les quatre chevaux de l'apocalypse : le cavalier du cheval blanc porte un arc, celui du cheval roux une épée, celui du cheval noir une balance, celui du cheval pâle porte la mort figurée par un personnage maigre. Ils avancent vers un autel sur lequel se tient l’agneau nimbé, entouré de têtes humaines à ses pieds.








33 o : A gauche un personnage assis sous un dais remet un livre à un ange au dessous de masques humains et d’un candélabre à sept branches. Au centre le fils de l'homme est ceint d'un baudrier et St Jean se prosterne à ses pieds avec, au-dessus, sept rosaces représentant sept étoiles. A droite un archange et un personnage vêtu d'une tunique tiennent un livre ouvert.








33 s : Jugement dernier : à gauche le Christ dans une gloire sépare les justes nimbés à sa droite et les méchants à sa gauche. Au milieu le Christ dans une gloire écoute un personnage tenant un livre. A droite la Jérusalem céleste figurée par une ville entourée de murailles où les têtes des justes émergent au dessus des remparts et les damnés apparaissent en bas dans le soupirail d’un cachot.







34 n : Chapiteau corinthien avec des figurines : un animal enchaîné (un dragon ?) est conduit par deux personnages dont l'un est muni d'une épée.






                   

11 s : Feuillages avec combats d'animaux : fauves harcelés par des chiens ?









13 o : Feuillages avec chevaux affrontés

    

13 s : Feuillages avec animaux faisant des cabrioles.



23 o : Feuillages avec un animal assis et un personnage (un comédien ?) tenant un masque.




23 s : Feuillages avec un cavalier, des chiens, une bête figure une chasse ou un jeu de cirque.




24 n : Feuillages avec oiseaux affrontés buvant dans des coupes.



24 e : Feuillages avec un sanglier.




32 n : Feuillages avec un homme plié en deux faisant des cabrioles.




32 s : Feuillages avec l'inscription : « UNBERTUS ME FECIT » dans le tailloir. C’est la signature du sculpteur qui a réalisé ou dirigé la sculpture des 54 chapiteaux.






                   
31 s



32 o


22 n


                


















                   















    



    




Chapiteaux de la nef











    







           




























    



Chapiteaux du transept nord














    













                 






























    

    

    

Chapiteaux du chœur




































                  










   

 

Dimensions

Nef

Longueur de la nef : 36,85 m.

Largeur des 3 nefs :  16,95 m.

Largeur de la nef centrale : 8 m.

Largeur du bas-côté nord : 3,45 m.

Largeur du bas-côté sud : 3 m.

Hauteur de la nef sous voûte : 19,70 m.

Hauteur des bas-côté sous voûte : 9,20 m.


Transept

Longueur du transept : 38,35 m.

Largeur du transept : 7,75 m.

Longueur des croisillons ; 14,10 m.

Hauteur de la coupole : 23,60 m.

Hauteur des croisillons sous voûte : 19 m.

Chœur

Longueur de la partie droite : 14 m.

Profondeur de l’abside : 4,50 m.

Longueur du petit transept : 25,60 m.

Hauteur de la voûte partie droite : 18,35 m.


Tour porche (rez-de-chaussée)

Quadrilatère : 17,16 m. X 14,60 m.

Hauteur sous voûtes : 6,60 m.