L’abbatiale
de
Saint Germer de Fly est l’un des édifices majeurs de la
première génération de l’architecture gothique. Fondée
au VIIème
siècle par Saint Germer, l’abbaye prospéra et rayonna
jusqu’au XIVème
siècle puis elle subit les vicissitudes des guerres et
de la Révolution.
L’abbatiale
fut
reconstruite au début du XIIème
siècle
pour
honorer et vénérer les reliques de Saint Germer
transférée depuis Beauvais où elles étaient conservées.
Les
travaux commencèrent entre 1135 et 1140 par le chœur, le
transept et les trois premières travées de la nef qui
furent achevées en 1167. La construction du chœur de
Saint Germer de Fly est donc contemporaine de celui de
Saint Denis.
Après
une interruption, les travaux reprirent pour les cinq
dernières travées de la nef et le massif occidental
comprenant deux tours, qui fut achevé en 1206.
Élu
en
1259,
l’abbé
Pierre
de
Wessencourt
entreprit
la
construction
de
la
chapelle
de
la
Vierge,
achevée
en 1267, dont la facture illustre l’aboutissement de la
technique gothique où les murs s’effacent devant les
parois vitrées comme à la Sainte Chapelle de Paris.
La
guerre
de
cent
ans
entre
les
royaumes
de
France
et
d’Angleterre
n’épargnèrent
pas
l’abbatiale.
La
façade occidentale et les deux tours furent détruites en
1380 provoquant l’effondrement des voûtes de la nef et
des tribunes à l’exception de celle de la première
travée accolée au transept. La nef fut alors couverte
par un lambris en bois et
les ouvertures des tribunes furent bouchées.
Au
XVIème
siècle
des restaurations furent entreprises avec l’édification
du mur de façade en brique que l’on voit aujourd’hui.
Les bras du transept et la première travée de la nef
furent consolidés par l’adjonction d’arcs boutants.
Au
XVIIème
siècle
le monastère entre dans la congrégation de Saint Maur.
Les moines mauristes entreprennent la restauration de
l’abbatiale : nettoyage et blanchiment de l’église,
installation des stalles.
Au
XVIIIème
siècle le campanile installé à la croisée du transept
est reconstruit, des voûtes en bois imitant les voûtes
en pierre du Moyen Âge remplacent le lambris du XIVème
siècle. Les parties hautes du chœur sont remises en
état, notamment les voûtes des tribunes
et les amorces d’arcs boutants sans culée qui
soutiennent les voûtes de l’abside, nouveauté
technique qu’avait introduit l’architecte du XIIème
siècle.
Au
XIXème
siècle les bâtiments conventuels, abandonnés à la
Révolution, furent vendus à des marchands de pierre qui
s’empressèrent de les démolir. L’abbatiale fut convertie
en église paroissiale ce qui la préserva de devenir une
carrière de pierre comme tant d’autres édifices que nous
a légué le Moyen Âge. Le bas côté nord ainsi que le mur
occidental du bras nord du transept, en très mauvais
état suit à la démolition hâtive des bâtiments
conventuels, furent reconstruits.
Depuis
la
première
guerre
mondiale
l’édifice
fait
l’objet
de
restaurations permanentes pour garantir son intégrité.
Comme
nous l’expliquons dans la page consacrée aux voûtes
d’ogive, l’abbatiale est un édifice à trois
nefs, avec une élévation à trois niveaux (grandes
arcades, tribunes, fenêtres hautes) et une hauteur sous
voûtes déjà conséquente de plus de 19 mètres.
Contrairement aux édifices gothique de cette dimensions,
son équilibre n’est pas renforcé pas des arcs boutants
qui pourraient dévier la pression exercée par les voûtes
vers des culées massives érigée à l’extérieur des
collatéraux. L’équilibre des voûtes du chœur est
renforcées par des arcs, dans les combles des tribunes,
qui conduisent les poussées latérales vers les
contreforts insérés dans les murs gouttereaux des
tribunes et des bas côtés. Ce système novateur reste
néanmoins fragile, ce qui explique l’effondrement des
voûtes lorsque la structure fut fragilisée par la
destruction du massif occidental.
|