(Le
manque
de perspective compte tenu de la configuration des lieux
à
l’intérieur comme à l’extérieur, combinée avec la
faible luminosité et la présence de pèlerins
ont rendu les
prises
de vue délicates.)
Le
comte
de Toulouse, Guillaume (Guilhem en occitan), après
d’illustres faits de guerre pour établir la paix dans la
région, fonda dans la vallée de l’Hérault une annexe de
l’abbaye d’Aniane qui deviendra la prestigieuse abbaye
Saint Guilhem le Désert.
De
l’église
préromane du Xème
siècle, détruite par un incendie dans la première moitié
du XIème
siècle, il ne subsiste que la crypte, découverte et
dégagée en 1962, et la tour Saint Martin accolée au
flanc sud-ouest de la nef.
L’édifice
que
nous voyons aujourd’hui date du XIème
siècle. Spectaculaire et exemplaire par sa sobriété et
la qualité de sa finition, elle est typique de
l’architecture romane. Elle a été construit en trois
campagnes.
1)
Dans
la deuxième moitié du XIème
siècle, entre 1050 et 1065, la nef fut construite avec
quatre travées et sans transept. Le chevet préroman
rectangulaire fut conservé. Il avait deux étages :
l’étage inférieur, appelé confession, où se trouvait le
sarcophage du vénéré saint Guilhem, l’étage supérieur,
le sanctuaire, où se trouvait l’autel dédié au Saint
Sauveur pour célébrer le culte.
2)
Dans
la deuxième moitié du XIème
siècle l’église fut agrandie : un transept fut aménagé
en ajoutant de part et d’autre de la dernière travée de
la nef deux croisillons comportant chacun une chapelle.
Le chœur préroman fut remplacé par une grande abside,
remarquable par ses dimensions disproportionnées (12
mètres de diamètre pour une largeur de la nef de 6
mètres), bâtie de plain-pied avec la nef. Elle est
voûtée d’un immense cul de four aux assises d’une
régularité parfaite, et précédée d’une courte travée
voûtée en plein cintre avec, de part et d’autre, un
accès aux absidioles du transept.
A
l’extérieur la masse imposante de l’abside, flanquée de
deux absidioles, produit un effet saisissant qui résulte
de l’harmonie des proportions et des volumes
cylindriques. Les éperons massifs qui épaulent l’abside
ont été ajoutés à une époque ultérieure dans le
prolongement des contreforts d’origine moins volumineux
et sans doute plus esthétiques.
Voulant
préserver
le lieu qui abritait encore les reliques de saint
Guilhem, l’architecte fut contraint d’adopter ce plan
démesuré pour l’abside afin d’envelopper la confession
et la transformer en crypte.
Les
reliques du saint furent ensuite élevées dans l’abside
afin que les pèlerins et les malades qui visitaient
l’abbaye puissent y avoir accès. La crypte, devenant
alors inutile, fut condamnée et ne fut découverte que
lors des fouilles de 1962.
Le
schéma
ci-dessous, qui est plus une vue d’artiste qu’un coupe
géométrique exacte, illustre cette évolution.
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