Compte
tenu
de la complexité de l’édifice et du peu d’archives
relatives à sa construction, les reconstitutions des
évènements marquants par les historiens proposent
beaucoup d'hypothèses parfois divergentes. L’historique
très résumé qui suit est extrait des études réalisées
par Jacques Henriet, publiées dans le Supplément
n° 2 du Bulletin Monumental
en 2008.
L’abbaye
Saint
Philibert de Tournus a une longue histoire. Plusieurs
sanctuaires se sont succédés depuis la période
gallo-romaine . Les moines de l’abbaye Saint Philibert
de Noirmoutier, chassés par les invasions normandes,
avaient fui leur abbaye en 836 pour s’installer à Saint
Philibert de Grand-Lieu (dont
vous trouverez la description dans ce site).
Toujours
sous la pression des invasions normandes, après
plusieurs exils successifs les moines vinrent finalement
s’établir à Tournus en 875. L’abbaye
fut
l’objet
de
construction
et
reconstructions
successives
jusqu’en
1007
où
les
bâtiments
conventuels et
l’église
furent
entièrement
ravagés
par
les
flammes.
L’histoire
de
l’édifice
que
nous voyons aujourd’hui commence en 1008 aussitôt après
l’incendie de 1007.
Première
campagne
:
la
crypte
et
le
chevet
de
l’église
furent
reconstruits
en
adoptant
un
même
plan
avec
déambulatoire
et
trois
chapelles
rayonnantes
rectangulaires,
ainsi
que
le
transept
avec
une
chapelle
orientée
dans
chaque
bras
et
un
carré
vraisemblablement
surmonté
d’une
tour
lanterne.
L’ensemble
fut
consacré
en
1019.
Nous
ignorons si la nef avait été reconstruite ou restaurée
dans le cadre de ce chantier.
Deuxième campagne
:
après
une
interruption d’une dizaine d'années fut entrepris, entre
1028 et 1056, la construction d’un narthex massif
(appelé aussi avant-nef ou galilée)
de type carolingien surmonté d’un étage qui abrite la
chapelle Saint Michel.
La
chapelle est constituée d’une nef de trois travées
couverte en berceau flanquée de deux bas-côtés
couverts en demi-berceau. Le gros-œuvre
de
la nef était achevé mais
avec une couverture
provisoire. La façade occidentale et les deux
tours étaient achevées, la tour nord étant alors
identique à celle du sud actuelle. En haut de chaque
tour se trouvait une salle haute éclairée par dix baies
(trois sur chaque grand côté et deux sur chaque autre).
Le
toit en bâtière de la salle
de la tour sud, dont
le
sol et les voûtes ont été démolis lors
des guerres de religion, fut restitué
lors
des
restaurations du
XIXème
siècle.
Entre
1066
et 1108 la nef fut achevée avec ce voutement original en
berceaux transversaux qu’on ne retrouve que dans un
autre édifice distant de 40 kms, à Mont Saint Vincent.
L’abbatiale, maintenant terminée, fut consacrée une
deuxième fois en 1120.
Au
XIIème
siècle la tour nord est surélevée par la construction du
clocher rose, ainsi dénommé à cause de la couleur de la
pierre qui a été utilisée.
Vers
la
fin
du
XIIème
siècle,
la
tour
lanterne
à
la
croisée
du
transept
fut
remplacée
par
le
clocher
actuel.
Aux
XIV
et
XVème
siècle trois chapelles gothiques qui ouvrent sur le
collatéral nord ont été ajoutés à l’édifice, une en 1339
et les deux autres en 1425.
Comme
tous
les
établissements
monastiques
à la Révolution,
l’abbatiale
de
Tournus
devint
bâtiment
communal sans subir trop de dégradations. Elle fut
restituée au culte en 1802. Des bâtiments conventuels ne
subsistent que la galerie nord du cloître, la salle
capitulaire et le réfectoire.
Classés
Monument
Historique en 1840 l’église et le reste de l’abbaye
furent l’objet d’importantes restaurations de 1841 à
1851 sous la direction de l’architecte Charles Auguste
Questel.
Au
XXème
siècle, peu avant la première guerre mondiale entre 1908
et 1914 des restaurations complémentaires furent
dirigées par l’architecte André Ventre.
La
structure
de l’abbatiale est complexe. Le plan et la coupe
longitudinale ci-dessous vous aideront pour fixer les
repères temporels et situer les prises de vues
présentées dans le reportage photographique.
Je
vous
suggère de visiter Le Site sur l’Art Roman en Bourgogne
(www.bourgogneromane.com)
qui
est
une véritable encyclopédie, un centre documentaire
exhaustif proposant une incroyable richesse
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particulièrement sur son développement en Bourgogne.
Dans
la
page consacrée à l'église de
Tournus
vous trouverez
le contexte historique et culturel ainsi que la
description détaillée de l’architecture et de la
sculpture.
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