Le carnet de Villard de Honnecourt


 



















Villard de Honnecourt, né aux alentours de l'an 1200, est originaire du village de Honnecourt-sur-Escaut à proximité de Cambrai. On ignore quelles furent ses fonctions et son rôle exact. Comme les compagnons de son temps, il fit son apprentissage en allant de ville en ville et de chantier en chantier. Il deviendra vraisemblablement plus tard maître d'œuvre, profession qui englobe alors le métier d'architecte et de réalisateur. Son activité professionnelle pourrait couvrir les années 1225 à 1250.


Le carnet de Villard de Honnecourt, conservé aujourd’hui à la Bibliothèque Nationale de France, était, depuis le XIIIème siècle et jusqu’à la Révolution, dans la bibliothèque de l’abbaye de Saint Germain des Prés où il a échappé aux nombreux incendies successifs qui la ravagèrent. 

Il consiste en 66 planches regroupées en 33 folios (c’est-à-dire 33 pages recto-verso). A l’origine il devait comporter 41 folios, soit 82 pages.


Grâce à son carnet nous connaissons quelques-unes des étapes de son périple : Vaucelles, Cambrai, Reims, Laon, Chartres et Lausanne, mais également, vers 1235, la Hongrie.

Ce carnet contient des plans et des schémas avec des lignes de construction pour en comprendre la logique, des croquis d’engins militaires ou civils et aussi des personnages, des scènes religieuses ou civiles.


J’ai choisi de publier ici les 66 planches accompagnées de quelques commentaires extraits de deux ouvrages fondamentaux :

- "Carnet de Villard de Honnecourt" de Alain Erlande-Brandebourg, Régine Pernoud, Jean Gimpel, Roland Bechmann où l’on trouve la traduction de toutes les légendes écrites par Villard ou ajoutées postérieurement dans le manuscrit.


- "Villard de Honnecourt, la pensée technique au XII° siècle et sa communication" de Roland Bechmann qui donne l’explication détaillée et argumentée de tous les schémas et dessins du carnet de Villard.


Les nombreux dessins et schémas sont représentatifs des moyens rudimentaires dont disposaient les architectes d’alors pour représenter leurs idées, les communiquer et les enseigner.


Nota : Dans plusieurs cas, le dessin du verso du feuillet apparait comme en filigrane à cause de la minceur du parchemin, due sans doute à l’affaiblissement de la peau à force d’être gratté afin d’être réutilisée. 




    



folio 1
    
planche 1
planche 2

Planche 2 : « Vous pouvez trouver ici les attitudes des douze apôtres. Villard de Honnecourt vous salue et prie tous ceux qui utiliseront les machines que l’on trouvera dans ce livre, qu’ils prient pour son âme et qu’ils se souviennent de lui. Car dans ce livre on peut trouver grande aide de l’efficacité de la maçonnerie et des machines de charpenterie, et vous trouverez l’efficacité de la portraiture, les dessins, comme l’art de la géométrie le commande et l’enseigne ».




folio 2
    
planche 3
planche 4





folio 3
    
planche 5
planche 6

 
Orgueil, comme il trébuche Humilité



folio 4
    
planche 7
planche 8



folio 5
    
planche 9
planche 10

Planche 9 : représentation d’une machine à mouvement perpétuel ou bien un système de type échappement ?




folio 6
    
planche 11
planche 12

Planche 12 : « C’est la maison d’une horloge – Celui qui veut faire la maison d’une horloge en voit ici une que j’ai vue une fois. Le premier étage de dessous est carré à quatre petits pignons ; l’étage au-dessus est à huit pans, et puis une ouverture, puis quatre petits pignons ; entre deux pignons un espace vide, l’étage tout à fait en haut est carré avec quatre petits pignons et le comble a huit côtés. Voyez la figure. »

Est-ce une cage d’horloge monumentale comme on en trouvait à l’intérieure de certaines grandes églises, comme à Beauvais, ou bien une tour ou un clocher ?



folio 7
    
planche 13
planche 14

Planche 13 : projet de lutrin d’église. « celui qui veut faire un lutrin pour lire l’Évangile dessus voit ici la meilleure manière que je connaisse. Premièrement il y a, par terre, trois serpents, et puis une tablette à trois lobes circulaires, et par-dessus trois serpents, te puis une tablette à trois lobes circulaires, et par-dessus trois serpents d’une autre sorte et des colonnes de la hauteur des serpents et par-dessus un triangle. Après vous voyez bien de quelle manière est fait le lutrin et voyez-en ici le dessin. Au milieu des trois colonnes il doit y avoir une verge qui porte le pommeau sur lequel se tient un aigle ».

Planche 14 : le labyrinthe dessiné par Villard a strictement la même disposition que celui de Chartres.





folio 8
    
planche 15
planche 16





folio 9
    
planche 17
planche 18

Planche 17 : dessin d’une chaufferette inversable car retenue par une suspension à la Cardan constituée d’anneaux concentriques reliés par des pivots orthogonaux permettant à l’objet situé au centre de rester immobile quel que soit l’orientation du support.. « Cet appareil est fait de telle façon que de quelque côté qu’il soit tourné, le petit poêle est droit ». Les directives de réalisation données par Villard précisent que le récipient central à charbon de bois ne se répandra jamais quel que soit l’orientation dans laquelle on tient l’objet.

Planche 18 : plan du premier étage de la tour de la cathédrale de Laon.







folio 10
    
planche 19
planche 20

Planche 19 : élévation de l’une des tours de la cathédrale de Laon avec les statues des bœufs. La main qui sort de la tour, en bas à droite, reste énigmatique.

Planche 18 : « Voici une des fenêtres de Reims, des travées de la nef, comme elles sont entre deux piliers. J’étais appelé en Hongrie, quand je la dessinai ; parce que je l’aimais mieux ».




folio 11
    
planche 21
planche 22



folio 12
    
planche 23
planche 24



folio 13
    
planche 25
planche 26







folio 14
    
planche 27
planche 28

Planche 28 : « Voici une église de plan carré, qu’il fut envisagé de construire pour l’ordre de Cîteaux.

Voici le plan du chevet de Notre-Dame de Sainte Marie de Cambrai, ainsi comme il sort de terre. Plus avant dans ce livre vous en trouverez les élévations intérieures et extérieures, et toute la disposition des chapelles et des murs, et la façon des arcs-boutants ».







folio 15
    
planche 29
planche 30

Planche 29 : « Villard de Honnecourt et Pierre de Corbie inventèrent ce chœur, en discutant entre eux.

Voici le chœur de Saint Faron de Meaux.

Voici le plan de l’église de Meaux, de Saint Etienne. Au dessus est une église à double déambulatoire que Villard de Honnecourt trouva et Pierre de Corbie. »

Planche 30 : « J’étais une fois en Hongrie, je demeurais maints jours ; j’y vis le pavement d’une église ainsi fait.

Ici prenez la façon de placer habilement la liaison d’un pilier ».


« Ceci est une fenêtre dans l’église Sainte-Marie de Chartres ».




folio 16
    
planche 31
planche 32
Planche 31 : « C’est une verrière circulaire de la cathédrale de Lausanne ».




folio 17
    
planche 33
planche 34

Planche 33 : « C’est le chœur de Sainte Marie de Vaucelles, de l’ordre de Cîteaux ».

« C’est la figuration de la façon dont Dieu est tombé ».

Planche 34 :

a) « Ici vous pouvez voir un bon comble léger pour couvrir une chapelle voûtée ».

b) « Et si vous voulez voir un bon comble léger à voûte de bois, faites attentions à celui-ci ».

c) « Voici la charpente d’un fort appentis ».

d) « Voici une lanterne qui convient à des moines pour porter leurs chandelles allumées. Vous pouvez la faire si vous savez tourner ».


folio 18
    
planche 35
planche 36

Planche 35 : « Ici commence la méthode de portraiture ».

Planche 36 : « Ici commence la méthode des dessins de portraiture, comme l’art de géométrie l’enseigne pour travailler aisément. Et en l’autre feuille sont ceux de la maçonnerie ».








folio 19
    
planche 37
planche 38
Planche 38 : « Dans ces quatre feuilles, il y a des figures de l’art de géométrie, mais celui qui veut savoir ce qu’il doit faire de chacune quoi chacune doit servir), il convient qu’il prenne grand soin de les connaître ».



folio 20
    
planche 39
planche 40

Planches 39 et 40 : procédés et tracés pour la construction (détaillés dans l’ouvrage de Roland Bechmann).



folio 21
    
planche 41
planche 42

Planche 41 : procédés et tracés pour la construction.

Planche 42 : la roue de la fortune et recettes pour une pâte à céramique et pour une crème épilatoire.



folio 22
    
planche 43
planche 44

Planche 44

a) Scie hydraulique : le schéma représente le dispositif vu de dessus. En haut la roue à aube est actionnée par la rivière. A l’autre extrémité quatre cames actionnent chacune à leur passage un pantographe fixé à la lame de scie, provoquant son mouvement. Lorsque l’action de la came cesse, la lame de scie est ramenée à sa position initiale sous l’effet de la branche flexible attachée au sol à une extrémité qui fait office de ressort.

b) Arc  à déclenchement automatique au passage d’un animal.

c) Dispositif permettant de faire pivoter un ange, situé au sommet d’une flèche d’une église, pour suivre le soleil.

d) Machine de levage pour soulever des poids : une vis hélicoïdale verticale actionnée à sa base par deux leviers de cabestan permet de faire monter un écrou qui est relié à la charge à soulever par un filin et un jeu de poulies non représentés sur le dessin. La force exercée sur les leviers est démultipliée par leur longueur et le pas de la vis.

e) Aigle automate : mécanisme intérieur qui permet de faire tourner la tête de l’aigle vers le diacre qui lit l’évangile.





folio 23
    
planche 45
planche 46

Planche 45 :

a) Appareil pour couper des pieux sous l’eau : « Avec cet engin, on recoupe les pilotis dans l’eau, pour asseoir dessus une semelle ».

b) Dispositif qui permet de ménager au centre de rayons convergents, un assemblage de section carré pour recevoir l’essieu : « On fait l’assemblage d’une roue sans entamer l’arbre ».

c) Machine à redresser : « Par pression de cette façon, on peut redresser une maison qui penche d’un côté. Déjà cela ne pèsera pas autant ». A gauche la charpente de la maison vue en coupe verticale et l’étai destiné à la soutenir. A droite le dispositif vu de dessus. La poutre horizontale maintenue près du bâtiment par deux pieux sera soulevée à son autre extrémité par de grands bras de levier prenant appui sur des blocs sensiblement rectangulaire

d) Dispositif de plancher utilisant des solives plus courtes que la portée à traverser : « Ainsi on peut employer pour une tour ou une maison des bois qui sont trop courts ».





folio 24
    
planche 47
planche 48
Planche 44 : méthode de dressage d’un lion. Attaché au piquet on lui donne un ordre. S’il grogne et ne l’exécute pas, le dresseur bat les chiots, ce que le lion ne supporte pas car il n’aime pas voir des petits battus. Alors il exécute l’ordre.





folio 25
    
planche 49
planche 50






folio 26
    
planche 51
planche 52






folio 27
   
planche 53
planche 54

Planche 53 : « Voici le martyr de saint Côme et de saint Damien ».

Planche 54 : « Voici une volute décorative simple d’une stalle avec séparation et clef ».







folio 28
    
planche 55
planche 56



folio 29
    
planche 57
planche 58

Planche 57 : « Si vous voulez sculpter une riche volute décorative de stalle, tenez-vous en à celle-ci ».




folio 30
    
planche 59
planche 60

Planche 59 : dessin du socle d’un trébuchet, engin militaire destiné à catapulter des blocs de pierre ou des boulets.

Planche 60 : élévation intérieure des chapelles du chœur de la cathédrale de Reims.




folio 31
    
planche 61
planche 62

Planche 61 : élévation extérieur des chapelles du chevet de la cathédrale de Reims.

Planche 62 : élévations extérieures et intérieures, juxtaposées, d’une travée de la nef de la cathédrale de Reims.




folio 32
    
planche 63
planche 64

Planche 63 : détail de la structure des piliers de la nef de la cathédrale de Reims.

Planche 64 : coupe du mur et des arcs boutants des chapelles absidiales de la cathédrale de Reims.



folio 33
    
planche 65
planche 66

Planche 65 : recette d’une potion pour guérir les plaies : « Retenez ce que je vous dirai. Prenez feuilles de chou rouge et « sanemonde" : c’est une herbe qu’on appelle giroflier ; prenez une herbe qu’on appelle « tanaisie«  (balsamite), et chénevis – soit semence de chanvre ; écrasez ces quatre herbes et qu’il n’y en ai pas plus de l’une que l’autre. Après vous prenez de la garance, deux fois autant que de l’une des quatre herbes ; écrasez et mettez ces cinq herbes en un pot, et mettez-y du vin blanc à détremper, le meilleur que vous pouvez avoir, de telle façon qu’à y puiser ce ne soit trop épais de façon qu’on puisse boire. N’en buvez pas trop : en une coquille d’œuf en aurez-vous assez, pourvu qu’elle soit pleine. Quelque plaie que vous ayez vous en guérirez ; essuyez votre plaie avec un peu d’étoupe ; mettez dessus une feuille de chou rouge, puis buvez du mélange du matin et au soir, deux fois le jour. Elle vaut mieux si on la détrempe avec du moût doux qu’avec d’autre vin, pourvu qu’il soit bon, le moût se mélangera avec les herbes ; et si vous les détrempez avec du vin vieux, laissez-les deux jours avant d’en boire.

Cueillez vos fleurs au matin, de diverses couleurs, que l’une ne touche à l’autre ; prenez une sorte de pierre qu’on taille au ciseau, qui soit blanche, moulue et déliée (taillée bien finement et polie) ; puis mettez vos fleurs sur cette pierre de chacune espèce par là garderont vos fleurs leur couleur ». 


Planche 66 : notes d’anciens processeurs du carnet.